Fierté et respect
Max Pacioretty a bien résumé la performance de l’équipe : « Il faut croire que personne ne semblait vouloir de la rondelle. » Quoi ? C’est inacceptable. On a beau présumer que la saison n’a plus aucun sens au niveau des objectifs fixés en début de saison, les joueurs professionnels ont un devoir : celui d’offrir des performances à la hauteur de leur talent. Ils ont le devoir de servir au public qui paie le gros prix pour les observer des performances dignes de leur statut. Ça peut se produire qu’un soir donné, rien ne fonctionne, c’est la débandade. Mais, mercredi soir, c’était l’effort au boulot qui n’était pas là.
Quand le capitaine souligne que personne ne voulait la rondelle, il dit juste, d’autant plus qu’on n’a pas à chercher des indices pour sauter à la conclusion.
La preuve a été fournie contre les Bruins. Un spectacle désolant pour une équipe qui, en principe, lutte pour sa survie, mais qui n’avait aucun intérêt à presser sur l’accélérateur. Dans le style : « bah, la saison s’en va chez le diable, pourquoi se défoncer… »
Je ne me souviens pas avoir vu le Canadien aussi « mauvais » face aux Bruins. Les joueurs ont trahi une tradition qui a toujours marqué les duels entre ces deux formations.
Et pire, ils ont aussi trahi leurs fidèles partisans…
Cette organisation n’a plus aucune identité. Et on peut sérieusement remettre en doute la fierté de certains patineurs. On se dit : on doit jouer un match, on le joue, advienne que pourra, puis on passe au suivant. Perds ou gagne…
LIGNE DE DÉMARCATION
Pourtant, on avait noté une petite amélioration, avec un bilan de 2-0-2 au cours des quatre derniers matchs… mais, il faut croire que, devant une saison aussi « croche », on se contente de peu.
Mais, il y a une ligne de démarcation à respecter.
Celle de la respectabilité. Respectabilité signifie fierté et sens du devoir.
Mercredi, la fierté d’endosser cet uniforme si prestigieux, on ne l’a pas décelé. Le sens du devoir, on passera. Le Canadien, on le constate depuis le début de l’année, est une équipe ordinaire. Encore plus ordinaire avec l’absence de Shea Weber. Les décideurs de l’organisation ont saboté cette équipe en modifiant les effectifs, se laissant guider par un jugement qu’on doit de plus en plus contester.
Apportera-t-on les modifications qui s’imposent ?
Du moins, c’est à quoi on s’attend du président et propriétaire, Geoff Molson. Saura-t-il réagir le moment voulu ? Que ce soit dans une semaine, dans un mois ou pendant l’entre-saison.
A-t-il vraiment un plan de relance ?
PRÉVENIR LES AMATEURS
Et, devra-t-on prévenir les amateurs que la remontée vers la respectabilité va prendre un certain temps.
Mercredi soir, les Bruins ont surclassé le Canadien. Je reconnais que Boston possède une équipe intraitable depuis le début du mois de décembre. Les Bruins sont supérieurs au Canadien. Mais, pas au point de les voir s’amuser comme larrons en foire. Ils sont impliqués dans une compétition plus féroce pendant leurs propres entraînements. Mercredi, c’était une partie de plaisir.
Mais, devant eux, il y avait un rival qui n’avait aucunement l’intention de compétitionner. On a fait acte de présence puis on a sauté dans l’avion pour Washington. Et la vie continue. On n’en a pas à cirer des conséquences. On peut reprocher bien des choses à Max Pacioretty, mais on ne pourra jamais l’accuser de jouer à l’autruche et de camoufler derrière des clichés ses états d’âme. Il dit la vérité. Quand on multiplie les changements de ligne à toutes les périodes, quand on utilise Jonathan Drouin, invisible après son échappée en première période, du poste d’ailier à centre, quand on refuse de tenter l’expérience de Alex Galchenyuk au centre ou encore de Charles Hudon, une position qu’il connaît très bien, quand on doit utiliser Nicolas Deslauriers dans le top six en attaque, etc., c’est qu’on est à court de solutions.
Ou plutôt qu’on est à court de personnel qualifié.
Cette responsabilité incombe au directeur général.
Entre-temps, pourrait-on, dans cette organisation, rappeler à ceux à qui l’on verse les salaires faramineux l’ABC de la profession ? Pourrait-on leur parler de la fierté et du sens du devoir ? Pourrait-on leur fournir un livre sur l’histoire de l’organisation ?
On y retrouve des chapitres sur l’effort au boulot, sur le désir de vaincre, sur la recherche de l’excellence et sur le respect des amateurs et de l’organisation.