Un prof acquitté d’avoir frappé un enfant autiste
Un professeur qui a admis avoir frappé un enfant autiste de 8 ans lors d’un cours d’éducation physique a tout de même été acquitté, puisqu’il a utilisé une « force raisonnable » pour le corriger.
« Considérant toutes les circonstances, il a agi dans un but légitime et de façon raisonnable », a tranché la juge Joëlle Roy, hier au palais de justice de Montréal.
José Daniel Martinez, 45 ans, faisait face à une accusation de voies de fait, pour un événement qui s’était déroulé en avril 2016 à Montréal. Le nom de l’école et du quartier n’ont pas été mentionnés dans le jugement.
ENFANT TURBULENT
Ce jour-là, Martinez enseignait à un groupe d’élèves, mais il y avait dans cette classe régulière un enfant atteint du trouble de l’autisme, qui s’est mis à tourner en rond sur lui-même alors qu’il était couché au sol.
C’est là que les versions divergent. Selon un autre élève, le prof a donné un coup de pied à la victime étendue par terre.
« Il [l’accusé] l’aurait ensuite empoigné par les épaules afin de le soulever et de le rasseoir, puis lui aurait “hurlé dessus” », relate la magistrate.
Martinez, de son côté, a plutôt affirmé avoir « apposé son pied sur le torse afin de l’arrêter de tourner et en prévention pour qu’il se ressaisisse ». Il aurait ensuite pris l’enfant sous les épaules pour le sortir du gymnase, mais celui-ci était turbulent.
FORCE RAISONNABLE
Pour sa défense, l’enseignant avait invoqué un article spécifique du Code criminel permettant d’utiliser la force sur des enfants, dans des situations spécifiques.
« Tout instituteur [...] est fondé à employer la force pour corriger un élève [...] pourvu que la force ne dépasse pas la mesure raisonnable dans les circonstances », indique l’article 43 du Code criminel.
Le cas de Martinez s’inscrivait parfaitement dans cet article du Code, puisque l’enfant n’a subi aucune lésion et que le geste était « insignifiant afin d’infliger une correction ».
« L’intention de l’accusé, à ce moment-là, se veut de sécuriser le groupe et le plaignant, et de faire prendre conscience au plaignant de son comportement », note la juge.
INTÉGRATION
Elle remarque également que le prof a toujours voulu aider l’enfant autiste dans son intégration dans la classe, malgré « des nombreuses difficultés afférentes à son immersion dans un environnement régulier ».
« L’accusé ne cache pas son désarroi devant le manque de ressources de l’école, le manque de support de la direction, la formation inadéquate et, à la limite, de l’improvisation que ces situations engendrent », ajoute la magistrate.
À moins que la Couronne ne décide de faire appel, Martinez en a donc fini avec les tribunaux, lui qui n’a jamais eu de démêlés avec la justice dans le passé.