Le Journal de Montreal

Un prof acquitté d’avoir frappé un enfant autiste

- MICHAËL NGUYEN

Un professeur qui a admis avoir frappé un enfant autiste de 8 ans lors d’un cours d’éducation physique a tout de même été acquitté, puisqu’il a utilisé une « force raisonnabl­e » pour le corriger.

« Considéran­t toutes les circonstan­ces, il a agi dans un but légitime et de façon raisonnabl­e », a tranché la juge Joëlle Roy, hier au palais de justice de Montréal.

José Daniel Martinez, 45 ans, faisait face à une accusation de voies de fait, pour un événement qui s’était déroulé en avril 2016 à Montréal. Le nom de l’école et du quartier n’ont pas été mentionnés dans le jugement.

ENFANT TURBULENT

Ce jour-là, Martinez enseignait à un groupe d’élèves, mais il y avait dans cette classe régulière un enfant atteint du trouble de l’autisme, qui s’est mis à tourner en rond sur lui-même alors qu’il était couché au sol.

C’est là que les versions divergent. Selon un autre élève, le prof a donné un coup de pied à la victime étendue par terre.

« Il [l’accusé] l’aurait ensuite empoigné par les épaules afin de le soulever et de le rasseoir, puis lui aurait “hurlé dessus” », relate la magistrate.

Martinez, de son côté, a plutôt affirmé avoir « apposé son pied sur le torse afin de l’arrêter de tourner et en prévention pour qu’il se ressaisiss­e ». Il aurait ensuite pris l’enfant sous les épaules pour le sortir du gymnase, mais celui-ci était turbulent.

FORCE RAISONNABL­E

Pour sa défense, l’enseignant avait invoqué un article spécifique du Code criminel permettant d’utiliser la force sur des enfants, dans des situations spécifique­s.

« Tout instituteu­r [...] est fondé à employer la force pour corriger un élève [...] pourvu que la force ne dépasse pas la mesure raisonnabl­e dans les circonstan­ces », indique l’article 43 du Code criminel.

Le cas de Martinez s’inscrivait parfaiteme­nt dans cet article du Code, puisque l’enfant n’a subi aucune lésion et que le geste était « insignifia­nt afin d’infliger une correction ».

« L’intention de l’accusé, à ce moment-là, se veut de sécuriser le groupe et le plaignant, et de faire prendre conscience au plaignant de son comporteme­nt », note la juge.

INTÉGRATIO­N

Elle remarque également que le prof a toujours voulu aider l’enfant autiste dans son intégratio­n dans la classe, malgré « des nombreuses difficulté­s afférentes à son immersion dans un environnem­ent régulier ».

« L’accusé ne cache pas son désarroi devant le manque de ressources de l’école, le manque de support de la direction, la formation inadéquate et, à la limite, de l’improvisat­ion que ces situations engendrent », ajoute la magistrate.

À moins que la Couronne ne décide de faire appel, Martinez en a donc fini avec les tribunaux, lui qui n’a jamais eu de démêlés avec la justice dans le passé.

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