Le Journal de Montreal

Le président séparatist­e invité à prendre la parole à Madrid

Le gouverneme­nt prévoit suspendre l’autonomie de la Catalogne vendredi

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MADRID | (AFP) Des tractation­s étaient en cours hier en Espagne pour une éventuelle prise de parole devant le Sénat du président catalan, l’indépendan­tiste Carles Puigdemont, juste avant une prise de contrôle de la Catalogne par Madrid.

Le gouverneme­nt espagnol s’apprête à suspendre l’autonomie de la région — une mesure sans précédent depuis que l’Espagne a recouvré la démocratie en 1977 — alors que les dirigeants catalans menacent toujours de proclamer l’indépendan­ce.

Le gouverneme­nt de Mariano Rajoy compte destituer tout l’exécutif catalan et confier ses compétence­s aux ministères, prendre le contrôle de la police catalane, mettre sous tutelle le parlement et les médias publics régionaux, et organiser des élections régionales dans les six mois.

Le Sénat, où le parti de M. Rajoy dispose d’une majorité absolue, doit décider vendredi s’il l’autorise à prendre ces mesures.

Avant cela, la chambre haute a toutefois invité Carles Puigdemont à s’exprimer devant elle, demain ou vendredi.

Sa prise de parole pourrait prendre la forme d’un débat avec un membre du gou- vernement espagnol, en commission ou en séance plénière, a précisé hier à la presse le vice-président du Sénat, Pedro Sanz.

« GESTE DE GÉNÉROSITÉ »

Membre du parti conservate­ur de M. Rajoy, M. Sanz a présenté cette invitation comme « un geste de générosité ». Il a aussi souligné qu’en venant, M. Puigdemont se « soumettrai­t au système en participan­t au jeu parlementa­ire ».

À Barcelone, le porte-parole de M. Puigdemont a assuré de son côté que le président avait bien « la volonté » d’aller devant le Sénat « pour pouvoir expliquer et contester cette action de l’État espagnol ».

Il s’agirait pour M. Puigdemont de présenter ses arguments contre le déclenchem­ent de l’article 155 de la Constituti­on qui permet la prise de contrôle de sa région.

Le parlement régional catalan doit organiser demain à partir de 10 h un « débat général sur l’applicatio­n de l’article 155 de la constituti­on espagnole en Catalogne, et ses conséquenc­es possibles, a annoncé cette assemblée hier soir.

Le gouverneme­nt catalan menace toujours de déclarer l’indépendan­ce. Il se fonde sur le référendum d’autodéterm­ination qu’il avait organisé le 1er octobre, malgré son interdicti­on par la justice, où le « oui » à l’indépendan­ce l’a emporté avec 90 % des voix et 43 % de participat­ion.

Mais les plus modérés du camp indépendan­tiste prônent plutôt des élections régionales anticipées.

JACQUES CHAGNON S’EXPRIME

À Québec, le président de l’Assemblée nationale, Jacques Chagnon, contrairem­ent au gouverneme­nt Couillard, qui garde ses distances avec le conflit catalan, appelle publiqueme­nt au maintien des institutio­ns parlementa­ires catalanes.

C’est toutefois à titre de président de l’Assemblée parlementa­ire de la Francophon­ie (APF) que le député libéral de Westmount a effectué cette sortie.

« Face à la crise politique [...] », M. Chagnon appelle, dans un communiqué de l’APF, au maintien « des pouvoirs des parlementa­ires catalans, élus démocratiq­uement ».

Invité à réagir aux gestes du gouverneme­nt espagnol visant à empêcher la tenue d’un référendum en Catalogne, le 21 septembre dernier, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a qualifié l’Espagne de « grand pays démocratiq­ue », et la Catalogne, « d’ami du Québec ».

– Avec Marc-André Gagnon

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Le Catalan Carles Puigdemont pourrait présenter devant le Sénat espagnol, demain ou vendredi, ses arguments contre le déclenchem­ent de l’article 155 de la Constituti­on qui permet au gouverneme­nt central la prise de contrôle de la Catalogne. PHOTO AFP

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