Le Journal de Montreal

Du faux Viagra illégal vendu dans un centre commercial

Le produit qui aurait pu être dangereux a été retiré hier soir du distribute­ur

- MAGALIE LAPOINTE

SAINT-HYACINTHE | Un produit présenté comme « L’Ultime Viagra naturel » était jusqu’à hier vendu dans quatre toilettes d’un centre commercial de Saint-Hyacinthe, ce qui aurait pu être dangereux, selon l’Ordre des pharmacien­s.

Depuis deux mois, il était possible de se procurer deux comprimés de faux Viagra aux Galeries de Saint-Hyacinthe pour 4 $, peu importe l’âge du client. Or, le vrai Viagra est accessible uniquement sous prescripti­on d’un médecin.

Sur l’emballage du produit, il est inscrit « V » et il n’est jamais écrit « Viagra », mais la mention du célèbre médicament de la compagnie Pfizer est bien en vue sur la machine distributr­ice.

Le distribute­ur du produit, Rémy Côté, a admis hier avoir lui-même installé l’affiche présentant le produit comme « L’Ultime Viagra naturel », mais assure qu’il était de bonne foi.

À la suite des appels du Journal, la direction générale du centre commercial lui a ordonné de retirer le produit.

Selon Santé Canada, la vente de ces pilules présentées comme un produit naturel est illégale puisqu’il n’a pas été homologué.

« Ce n’est pas un produit licencié par Santé Canada », a dit la porte-parole de Santé Canada, Marie Sindy Souffront.

Sur le dessus de l’emballage bleu, la lettre « V » est inscrite avec une descriptio­n du contenu. À l’arrière, les mises en garde y sont ajoutées en anglais seulement.

« Vous devez consulter un médecin si vous avez une érection qui dure plus de quatre heures, des maux de tête, des nausées… Le produit V n’est pas conseillé aux enfants ni aux femmes enceintes et ne protège pas contre les maladies transmises sexuelleme­nt », peut-on lire.

PAS POUR TOUT LE MONDE

Selon l’Ordre des pharmacien­s du Québec, l’ingrédient naturel utilisé dans le comprimé comme vasodilata­teur, l’arginine HCL, ne serait pas efficace contre les dysfonctio­ns érectiles.

« La dysfonctio­n érectile, c’est un problème de santé, une maladie. Il faut consulter un médecin », a expliqué Manon Lambert, directrice générale et secrétaire de l’Ordre des pharmacien­s du Québec.

D’après Mme Lambert, les enfants, les personnes cardiaques et les personnes hypo ou hyper tendues devraient se montrer très prudents s’ils consomment le produit.

Il y a deux mois, des condoms étaient distribués au lieu du faux Viagra aux Galeries Saint-Hyacinthe. « On a fait enlever les condoms dans nos toilettes, parce qu’on trouvait qu’il y avait beaucoup de jeunes de 8-9 ans et on ne voulait pas que les jeunes s’en procurent. Ce n’était pas la place », a dit le directeur général des Galeries de Saint-Hyacinthe, André Brochu.

RÉACTION DE PFIZER

Quant au distribute­ur, celui-ci admet qu’il a remplacé les machines rapidement et qu’il est le responsabl­e de la maquette où il est inscrit « Viagra naturel ».

« Je m’assure toujours que mes produits sont canadiens pour justement éviter de vendre des produits dangereux ou illégaux », a expliqué M. Côté.

L’entreprise biopharmac­eutique Pfizer se dissocie totalement de la vente de « Viagra naturel ».

« Pfizer est l’unique fabricant et seul titulaire de la marque Viagra au Canada. Les patients doivent être avisés que Viagra est un médicament d’ordonnance qui doit être prescrit par un médecin et vendu dans une pharmacie dûment autorisée », a expliqué la première chef, Affaires de l’entreprise, chez Pfizer Canada, Julie-Catherine Racine.

Le Journal a essayé de joindre le fabricant du produit V. Celui-ci ne l’a jamais appelé.

 ?? PHOTOS COLLABORAT­ION SPÉCIALE, MAGALIE LAPOINTE ?? L’Ultime Viagra naturel était bien en vue juste à côté des pastilles à la menthe et de la Collection de l’amour sur une machine distributr­ice dans un centre commercial. Sur l’emballage du produit (en mortaise), il n’était pas inscrit le mot « Viagra ».
PHOTOS COLLABORAT­ION SPÉCIALE, MAGALIE LAPOINTE L’Ultime Viagra naturel était bien en vue juste à côté des pastilles à la menthe et de la Collection de l’amour sur une machine distributr­ice dans un centre commercial. Sur l’emballage du produit (en mortaise), il n’était pas inscrit le mot « Viagra ».

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