Le Journal de Montreal

Justin Trudeau empêchera-t-il le G20 de devenir un G19+1 ?

- PIERRE MARTIN @PMartin_UdeM

Les grands leaders mondiaux convergent vers Hambourg pour un sommet du G20 au programme chargé. Alors que la première rencontre Trump-Poutine mobilisera l’attention et mettra à l’épreuve la cohésion des démocratie­s avancées, le premier ministre canadien pourrait jouer un rôle non négligeabl­e.

Depuis 1999, le G20 réunit annuelleme­nt les chefs des gouverneme­nts et banques centrales des 20 plus grandes économies mondiales.

Son rôle premier est la coordinati­on des politiques économique­s, mais c’est aussi un forum privilégié pour tous les enjeux à portée globale.

UN FACE-À-FACE ATTENDU

Le premier face-à-face entre Donald Trump et Vladimir Poutine sera un Les errements de Trump pourraient favoriser un rapprochem­ent entre Moscou et Pékin temps fort de l’événement.

Le président russe s’est préparé méthodique­ment pour cette rencontre, mais Donald Trump se fie à son instinct. C’est inquiétant, car la confiance de Trump envers ses capacités de négociateu­r dépasse largement l’étendue de ses connaissan­ces et de son expérience en politique étrangère.

À coup de flatteries et de pressions, Poutine cherchera à déstabilis­er son vis-à-vis peu expériment­é pour infléchir la politique américaine à son avantage, et peut-être semer la discorde entre le président américain et ses partenaire­s des démocratie­s avancées.

DEUX POINTS CHAUDS

Poutine pourrait ainsi créer un froid entre Trump et ses partenaire­s clés sur deux dossiers chauds du jour : la Syrie et la Corée du Nord.

Dans le premier cas, Trump a déjà souhaité des ouvertures envers Moscou dans l’espoir de frapper un grand coup contre Daech, même s’il n’est pas clair que le nouvel équilibre qui en résulterai­t favorisera­it les intérêts américains.

Face à la menace nord-coréenne, les errements de Trump pourraient favoriser un rapprochem­ent entre Moscou et Pékin, d’autant plus que le test balistique de lundi a eu lieu pendant la visite préparatoi­re de Xi Jinping à Moscou.

Les improvisat­ions de Trump ne pourront pas grand-chose contre l’action concertée de ses deux plus puissants vis-à-vis à Hambourg.

COMMERCE ET CLIMAT

Le désengagem­ent américain en matière de commerce et de lutte aux gaz à effet de serre contribuer­a aussi à marginalis­er un peu plus Trump.

Si ce dernier reste campé sur ses positions isolationn­istes, plusieurs autres leaders seront tentés de former des consensus en son absence sur ces enjeux.

C’est le cas notamment de la chancelièr­e allemande Angela Merkel, qui se présentera en septembre devant un électorat qui ne demande pas mieux que de la voir tenir tête à l’impopulair­e président américain.

UN DÉFI POUR JUSTIN TRUDEAU

Au milieu de tout ça se trouvera Justin Trudeau. Le premier ministre canadien a su jusqu’à maintenant établir de bons rapports avec Trump tout en restant au diapason, sur le fond, avec ceux qui, comme Merkel et le Français Emmanuel Macron, cherchent à s’en distancier.

Justin Trudeau devra jouer finement ce rôle d’intermédia­ire pour assurer un minimum de cohésion entre l’imprévisib­le président américain et ses partenaire­s démocratiq­ues, dans un forum où les leaders de la Russie et de la Chine en mènent large. Le défi est de taille.

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