11 ans de prison pour une douanière corrompue
Elle a laissé entrer au pays 182 kg de cocaïne, d’une valeur de 6 à 10 millions $
Une douanière corrompue qui a ouvert « la porte d’entrée du Canada » à des trafiquants transportant 182 kg de cocaïne a écopé hier d’une sentence de 11 ans de détention.
« Neût été de l’intervention rapide des agents de la Gendarmerie royale du Canada, la drogue serait entrée au pays et causé les dégâts que cette drogue produit tout en enrichissant les trafiquants petits ou grands », a dit le juge de la Cour supérieure André Vincent lors du prononcé de la sentence au palais de justice de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Le 2 décembre 2014, à Lacolle, la femme de 40 ans a volontairement laissé passer une BMW contenant des sacs remplis de plusieurs dizaines de kilos de cocaïne.
Le véhicule avait emprunté la guérite réservée aux voyageurs détenant une accréditation Nexus. Ce n’était pas le cas du conducteur et de sa passagère.
De plus, un avis de guet était enregistré au nom des passagers, obligeant la douanière à envoyer le véhicule à la fouille. Or, elle a plutôt laissé passer la BMW après à peine 36 secondes.
À son procès, l’accusée avait plaidé la distraction pour expliquer cette grave omission.
Les instants avant le passage, la douanière avait pourtant échangé plusieurs textos avec son ancien amant, Soninder Dhingra, un individu décrit au procès comme étant impliqué dans le milieu des stupéfiants. Celui-ci était au même moment en communication constante avec le conducteur de la BMW, Gregory Singh.
PORTE D’ENTRÉE
Et lorsque les policiers ont intercepté le véhicule lors des minutes suivant son passage à la frontière, la drogue était rangée dans des sacs de sport, placés dans le coffre arrière.
« Ce qui frappe d’abord et avant tout est la quantité astronomique de la cocaïne importée : 182 kg ayant la valeur [...] de 6 à 10 M$, a indiqué le juge Vincent. Les trafiquants ne tentent d’aucune façon de camoufler ces substances. Ce qui laisse à penser [qu’ils] n’ont pris aucune mesure particulière pour passer clandestinement la marchandise, malgré la grande valeur de cette dernière. »
« Il fallait nécessairement qu’ils sachent que la porte d’entrée au Canada était grande ouverte et qu’aucune vérification ne serait entreprise par les douaniers », a-t-il ajouté, en condamnant la femme de 40 ans à une peine de 11 ans de détention.
La Couronne demandait pour sa part une sentence de 15 ans, considérant le rôle crucial de « facilitateur » de Stefanie McClelland.
PEINE ATTENDUE
Le magistrat a par contre noté les bonnes chances de réhabilitation de la détenue, vu ses faibles chances de récidive. Mais il ne s’est malgré tout pas rangé derrière la position de la défense, qui demandait cinq ans de détention.
Dans le box des accusés, la mère de quatre enfants n’a pas bronché lors du prononcé de la peine.
« Elle s’attendait à une telle sentence », a expliqué son avocat, Me Gregory Freund.
Le père de la détenue a pour sa part très mal réagi à l’annonce de la peine. L’homme a en effet eu un malaise dans la salle d’audience. Il a dû quitter le palais de justice en ambulance.