Rouvrir la Constitution ?
Avant même de lire les quelque 200 pages du manifeste constitutionnel produit par le gouvernement Couillard, Justin Trudeau avait donné sa réponse: non, on ne touche pas à la Constitution.
Il a renvoyé le premier ministre du Québec dans son coin à la manière d’un enfant agaçant qui n’a pas compris sa leçon. Est-ce que, pour autant, le nouveau cycle constitutionnel proposé par Québec s’est refermé en moins de 24 h?
C’est plus compliqué que ça.
CAnADA
Québécois, notre façon d’être canadiens représente bien plus qu’une proposition constitutionnelle ordinaire.
C’est une mise à jour en profondeur de l’option fédéraliste et un plaidoyer pour le Canada.
Depuis longtemps, les Québécois se sont contentés d’entretenir un rapport comptable avec le Canada. Ils y restaient parce qu’ils croyaient le fédéralisme rentable, pour reprendre la formule de Robert Bourassa.
Philippe Couillard veut aller beaucoup plus loin et nous montrer que le Canada est au coeur de notre identité.
En se séparant de la fédération, on s’arracherait une partie de nous-mêmes.
Couillard aimerait mieux que le Québec ne soit pas exclu de la Constitution canadienne. Mais il entend dédramatiser cette exclusion en la relativisant historiquement.
Soit dit en passant, c’est une vertu de ce document: il ancre la politique dans l’histoire. Aucun nationaliste québécois sérieux ne peut endosser la vision romancée de l’histoire canadienne qui nous est proposée.
Ultrafédéraliste
Il n’en demeure pas moins que, pour une fois, on parle du fond des choses et on ne réduit pas la politique à la gestion ordinaire de la vie quotidienne. La réflexion se situe à un bon niveau.
Ce manifeste est celui d’un fédéraliste inconditionnel.
D’ailleurs, contrairement à ce qu’on lit ici et là, on n’y propose aucune discussion constitutionnelle à court ou moyen terme. Un jour, ça viendra. Ou pas. Ce n’est pas grave.
Car il nous faut être canadiens à tout prix.