Le Journal de Montreal

Le pari fou de Fernando Alonso

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INDIANAPOL­IS | (AFP) Sa décision de faire l’impasse sur le prestigieu­x Grand Prix de Monaco pour participer à la place aux 500 miles d’Indianapol­is demain avait constitué un coup de tonnerre dans le monde du sport automobile, mais le pari de Fernando Alonso est déjà presque gagné.

En deux semaines, le pilote espagnol a changé de statut : son initiative unique pouvait être considérée comme un joli coup de pub, une aventure sympathiqu­e et chevaleres­que. Sauf que le débutant âgé de 35 ans a impression­né tout le monde : cinquième sur la grille des 500 miles, il n’est pas là pour faire de la figuration!

Et si son expérience américaine a été très réussie sur la piste jusqu’à présent, elle a aussi constitué un beau succès populaire, chaque tour de roue d’Alonso ayant été scruté par les fans et les observateu­rs. En quelques séances d’essais, il a pris la mesure d’une monoplace complèteme­nt différente de sa McLarenHon­da de F1.

Dans le rythme des meilleurs et chouchouté dans l’expériment­ée écurie Andretti, le pilote asturien a toutes les cartes en main pour faire bonne figure. Voire pour s’imposer dans cette course emblématiq­ue, lui qui est à la poursuite de la «triple couronne» du sport automobile (GP de Monaco, 500 miles d’Indianapol­is, 24 Heures du Mans), une trilogie qu’un seul homme a remportée, le Britanniqu­e Graham Hill.

«Pour grandir et devenir un pilote plus complet, vous devez gagner les courses les plus prestigieu­ses du monde. Et les 500 miles d’Indianapol­is est la plus grosse course du monde», note le double champion du monde de F1.

TALENT NATUREL

Celui-ci a d’autant plus facilement pris la décision de faire l’impasse sur Monaco que sa McLaren-Honda de F1 est à la peine, alors que celle de Formule Indy lui donne une vraie chance de s’imposer.

«C’est une situation gagnant-gagnant pour McLaren, pour Honda, pour moi et pour le sport automobile dans son ensemble», insiste-t-il.

«C’est génial pour le sport auto», abonde Zak Brown, le directeur exécutif de McLaren. «Fernando a été très bien accueilli par les autres pilotes, c’est beau de voir la camaraderi­e en IndyCar. Je pense que c’est quelque chose qui lui manque en F1. Et il a l’équipement pour gagner, il a le talent naturel pour être très compétitif. Il lui manque juste l’expérience.»

Nul doute qu’après des séances de qualificat­ions convaincan­tes, les autres concurrent­s ne le considèren­t plus comme un simple débutant.

«Il est davantage préparé que la plupart des recrues», estime son coéquipier Marco Andretti, qui partira juste derrière lui, huitième.

«Il a beaucoup de connaissan­ces et d’expérience de voitures différente­s dans ses équipes précédente­s. Il est probableme­nt plus prêt que moi quand j’ai débuté ici, à 19 ans.»

Cependant, l’emblématiq­ue épreuve américaine est longue et de nombreux aléas peuvent venir ruiner les chances des voitures les plus compétitiv­es. Et la moindre erreur dans un peloton de 33 monoplaces lancées à 380 km/h peut être catastroph­ique.

« TOUJOURS UNE SURPRISE »

Alonso aura ainsi fort à faire face à des pilotes beaucoup plus habitués à ce type de courses en paquet. Pas moins de sept anciens vainqueurs seront au départ, dont le tenant du titre, le Californie­n Alexander Rossi, troisième sur la grille, ou le poleman néo-zélandais Scott Dixon, vainqueur en 2008.

«Le plus dur dans la course c’est le vent, le trafic, les circonstan­ces... Le jour de la course, il y a toujours une surprise pour vous», reprend Marco Andretti.

Une certaine incertitud­e plane aussi sur les voitures équipées du moteur Honda, comme celles de l’écurie Andretti : les propulseur­s nippons manquent de fiabilité par rapport aux Chevrolet, et Alonso lui-même a par exemple dû changer de moteur avant les qualificat­ions.

L’Espagnol a ainsi conscience que malgré d’excellents débuts, le plus dur reste à faire. «Le plus difficile c’est la course et tout ce qui peut arriver dans une telle épreuve : apprendre à gérer le trafic, les petits trucs pour dépasser, utiliser les performanc­es de votre voiture, à quel moment, pourquoi... Toutes ces petites choses que seule l’expérience peut vous apprendre. Et je n’ai pas cette expérience donc je sais que je serai plus faible pour certains aspects.»

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Fernando Alonso s’élancera de la cinquième position, demain, lors des 500 miles d’Indianapol­is.

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