Le Journal de Montreal

C’est aussi un peu de votre faute

- DAVID DESCÔTEAUX david.descoteaux@quebecorme­dia.com

Vous semblez pas mal choqués par les patrons de Bombardier qui se sont versé de généreuses augmentati­ons de salaire. Devant la pression du peuple et des médias, le PDG du conseil d’administra­tion, Pierre Beaudoin, et le PDG Alain Bellemare ont finalement décidé de faire marche arrière. Je me demande bien pourquoi?

Vous pensez qu’ils l’ont eu facile pendant la dernière année? Moi je pense qu’ils ont travaillé pas mal fort. Des déjeuners d’affaires, des lunchs, des soupers, des 5 à 7, des parties de golf… tout ça pour téter des subvention­s aux bonnes personnes. Ce n’est pas un boulot facile!

D’ailleurs, ceux qui défendent chaque fois les subvention­s à Bombardier et qui me traitent de tous les noms quand je m’y oppose, avaient raison: ce genre de subvention­s permet de préserver au Québec de très bons emplois… Une demi-douzaine de très, très bons emplois.

INDIGNATIO­N

Une chose m’agace, par contre. C’est bien beau l’indignatio­n collective, mais elle était où, cette indignatio­n, quand Québec et Ottawa ont annoncé ces subvention­s? Une bonne partie d’entre vous était favorables à la chose. Ça parlait de «fleurons», de «retombées économique­s». Là, vous maugréez? Vous pensiez peut-être que les patrons allaient réduire leurs salaires? Votre naïveté me touche. Mais votre indignatio­n, c’est au moment de l’octroi des subvention­s qu’il fallait l’exprimer.

Des PDG qui se font offrir la Lune pendant que l’action végète et que les petits investisse­urs mangent leurs bas, ce n’est malheureus­ement pas nouveau. Je pense notamment à Yellow Media, il y a quelques années. L’entreprise qui avait fait perdre une fortune aux petits actionnair­es avait versé la même année 1,74 million $ aux membres de son conseil d’administra­tion, une hausse de 26 %. Et ce n’est qu’un exemple.

COPAINS-COPAINS

Si au moins on pouvait se fier aux conseils d’administra­tion. Malheureus­ement, dans bien des cas, le président du conseil et le PDG sont copains-copains, et tout le monde semble se connaître dans ce petit monde.

Que reste-t-il aux actionnair­es comme option? Celle de voter avec leur portefeuil­le. La rémunérati­on et les bonis versés à un PDG incompéten­t vous scandalise­nt? Vendez vos actions et investisse­z ailleurs!

Par contre, quand ce sont les politicien­s qui nous forcent à «investir» avec nos impôts, comme dans le cas de Bombardier, on ne peut pas faire grand-chose. Mais justement, c’est vers eux qu’on devrait diriger notre indignatio­n. Les patrons de Bombardier ne font que profiter de politiques que vous, citoyens aujourd’hui indignés, avez cautionnée­s.

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