Elle devient massothérapeute oncologue
Sans son cancer, elle n’aurait pas eu le même métier et elle n’aurait pas fait Compostelle
Si elle n'avait pas eu le cancer à l'âge de 35 ans, Josée Parent Bellevance serait passée à côté de plusieurs expériences comme le chemin de Compostelle ou son métier de massothérapeute en oncologie.
La jeune femme de Québec a été traitée pour un cancer de l'endomètre, la muqueuse qui recouvre la paroi interne de l'utérus. «Si le cancer n'avait pas croisé ma vie, le 2 décembre 2013, je n'aurais pas fait Compostelle. La Josée d'avant aurait capoté pour un dégât d'eau ou les clés oubliées dans son auto. La Josée d'aujourd'hui ne s'en fait plus pour un rien», illustre celle qui a orienté son travail de massothérapeute auprès des personnes atteintes de cancer. «Je m'enlignais vers la kinésiologie. J'ai plutôt décidé de faire une spécialisation de massothérapeute en oncologie. Lors de mon stage à l'IUCPQ (hôpital Laval), j'ai constaté qu'on pouvait faire une différence positive auprès des personnes traitées pour un cancer ou en fin de vie. La massothérapie leur apporte un bien-être. Cela permet à ces gens de se réapproprier leur corps autrement que par la perfusion. On touche l'essentiel», souligne Mme Parent Bellavance, qui, à l'approche de la quarantaine, a adopté une nouvelle philosophie de vie.
«Le cancer m'a appris que même lorsqu'on a la trouille, il faut avancer. J'ai l'impression de vivre plus à fond qu'avant. On sent une urgence de vivre. Il faut aussi savoir ses limites. Le cancer a été pour moi comme un cadeau mal emballé», exprime-t-elle.
COUP DE MASSUE
Outre la massothérapie, avant l'annonce de son cancer, elle travaillait déjà à la Fondation de la Maison Michel-Sarrazin, spécialisée en soins palliatifs. «J'étais à mon bureau, en plein rush, lorsque le médecin m'a annoncé au téléphone qu'à la suite de mes examens, des traces de cancer avaient été détectées à l'utérus. Je me suis mise à trembler. J'étais ébranlée. J'ai pris conscience que la vie pouvait s'arrêter comme cela», se rappelle parfaitement Josée Parent Bellavance.
Opérée le 24 février 2014, elle a par la suite reçu des traitements de curiethérapie, à titre préventif. La curiethérapie est une technique de radiothérapie qui permet de détruire les cellules cancéreuses qui pourraient subsister après la chirurgie.
«Jusqu'à ce qu'on sache qu'il n'y a plus de cellules cancéreuses, il s'en passe des choses dans notre tête. Notre vie est entre parenthèses. Je tournais en rond», rapporte la jeune femme qui vivait seule.
Au cours de cette période d'incertitude, elle ne savait trop à quelle porte frapper pour obtenir du soutien, jusqu'à ce qu'elle découvre l'Organisation québécoise des personnes atteintes de cancer.
« DONNER AU SUIVANT »
«Je me suis sentie chez moi. Cela fait trois ans que je suis sur leur conseil d'administration. Mon leitmotiv maintenant est de donner au suivant», dit-elle. En septembre 2015, elle a réalisé un vieux rêve en participant à Compostelle en tandem de la Fondation québécoise du cancer.
Tout en amassant des fonds afin de soutenir les personnes souffrant de cancer, les participants vivent une expérience physique et spirituelle marquante. Chaque groupe est composé notamment de personnes qui ont eu un cancer et de proches de personnes touchées par le cancer.
«J'ai marché entre 150 et 200 km dans le sudouest de la France, durant 10 jours. L'énergie du groupe m'a fait oublier la fatigue et les ampoules aux pieds. Certaines personnes étaient encore en traitement actif. Derrière chaque cancer, il y a une personne. On tire beaucoup de leçons de vie d'une telle expérience. Je vais y retourner un jour, c'est sûr.»