GROSSE ANNÉE pour l’humour
Un nombre record de 22 nouveaux spectacles d’humour prendront la route en 2017
Durant les dernières semaines, Guy Nantel, Louis-José Houde, Réal Béland, François Massicotte et Joël Legendre ont tous annoncé la naissance d’un nouveau spectacle solo en 2017.
Le Journal a fait le décompte: pas moins de 22 nouveaux spectacles d’humour prendront la route cette année, s’ajoutant à la quinzaine déjà en tournée. La compétition sera féroce.
De novembre 2016 à novembre 2017, en incluant les récentes premières de Peter MacLeod, Marianna Mazza et Julien Tremblay, 22 spectacles d’humour verront le jour. C’est l’année humoristique la plus faste depuis dix ans.
Si on ajoute les spectacles qui sont déjà sur la route présentement, on se retrouve avec une offre de près de 40 spectacles d’humour en 2017.
Depuis 10 ans, la moyenne de nouveaux spectacles recensés se situe entre 10 et 12 par année, selon des données fournies par l’APIH (Association des professionnels de l’industrie de l’humour).
«Il y a définitivement une augmentation chaque année depuis 10 ans», reconnaît le producteur Éric Young, dont la boîte Entourage produit Marianna Mazza, Dominic Paquet, Mario Tessier et P-A Méthot.
Depuis cinq ans, le nombre total de représentations de spectacles d’humour a presque doublé lui aussi, passant de 1888, en 2010, à 3330, en 2015.
DE MOINS LONGUES TOURNÉES
On voit également de plus en plus apparaître une segmentation des marchés, précise la directrice générale de l’École nationale de l’humour, Louise Richer.
«On ne verra peut-être plus des 300 000 ou 400 000 billets vendus par un seul humoriste, comme pour JeanMichel Anctil et Lise Dion. On est moins dans l’ère où un humoriste plaît à tout le monde. On est dans une ère de diversité», affirme-t-elle.
Autre phénomène: les tournées sont plus courtes. «Il y en a beaucoup qui, après un an, ne sont pas capables d’aller de supplémentaires en supplémentaires et la tournée s’arrête là», soutient M. Young.
DES GAGNANTS ET DES PERDANTS
Évidemment, sur les 22 spectacles lancés cette année, ceux qui connaîtront un grand succès sont rares.
«Il y a près de 40 shows qui tournent en ce moment, mais il y en a un paquet là-dedans où les producteurs ont eu beaucoup de difficultés à implanter un show à une fréquence où il a le vent dans les voiles.»
«Le marché finit toujours naturellement par s’épurer», ajoute-t-il.
Éric Young reste un producteur prudent. «On ne signe pas des artistes chaque semaine. On a nos huit ou neuf productions qui roulent. On vient de lancer Marianna Mazza, mais ça fait cinq ans qu’on la prépare.»
DES CÔTÉS POSITIFS
Il y a plus d’humoristes et plus de spectacles, mais aucun intervenant n’a semblé inquiété par la situation, puisque le public, lui, est de plus en plus au rendez-vous. «L’effervescence est assez incroyable à observer», soutient Louise Richer.
L’offre est plus grande, mais selon des données fournies par l’Observatoire de la culture et des communications, la demande est aussi en croissance (voir tableau).
Le producteur Éric Young affirme que les spectacles sont de plus en plus de qualité, étant donné la grande compétition.
«Ce n’est pas une offre de Dollarama qu’on a au Québec. Je vois beaucoup de bons spectacles, et je ne pouvais pas en dire autant il y a quelques années», affirme celui qui est dans le milieu depuis 20 ans.