Suffit la culpabilisation !
Il y a 50 ans, environ 10 % des enfants atteints de leucémie survivaient à leur cancer. Aujourd’hui, environ 10 % des enfants atteints de leucémie ne survivent pas à leur cancer.
Nous devons ce bond en avant à la science, à la médecine. Pas à l’huile de Saint-Joseph ou aux incantations d’un chaman. Ni à la force du mental.
La philosophie nouvel-âgeé-coute-ton-corps, si réconfortante par sa promesse de toute-puissance, a transformé le cancer en un corps à corps entre le malade et la maladie. Que le plus fort gagne! Que les autres crèvent. Minute! Dirions-nous d’un bambin de trois ans que la médecine n’a pu sauver qu’il ne s’est pas battu assez fort contre son cancer? J’espère que non. Mais nous le faisons quand un adulte est en cause.
Le courage et l’espoir aident les patients à faire face à leur maladie, mais ils sont impuissants à guérir quoi que ce soit. Pas plus que c’est le mental qui rend les gens malades, l’autre côté dangereux de la pensée écoute-toncorps.
CULPABILISATION EXTRÊME
Il est non seulement absurde, mais indiciblement cruel de rendre des malades responsables de leur mort. Un jour, j’ai entendu quelqu’un dire à sa mère de 85 ans à l’agonie: «Tu ne te bats pas assez fort, maman.» Misère.
Combien de fois n’ai-je pas lu ou entendu une variante de cette hérésie au sujet d’Andréanne Sasseville, animatrice et égérie de la musique québécoise, qui nous a quittés cette semaine.
S’il y avait une femme sur terre qui voulait vivre, c’est bien elle. Son grand courage n’a pu la soustraire à la mort. Ses yeux magnifiques se sont fermés une dernière fois parce que les cellules cancéreuses ont eu le dernier mot. Pas parce qu’elle a capitulé. Qu’elle repose en paix.