2 doyens en limo au Ritz-Carlton
À deux reprises, ils ont fait un aller-retour entre l’Université Laval et Montréal dans une voiture avec chauffeur
QUÉBEC | Deux doyens de l’Université Laval ont fait un allerretour à Montréal en limousine avec chauffeur, et ce, à deux reprises, a appris Le Journal.
Selon des documents obtenus par une demande d’accès à l’information, le doyen de la Faculté de médecine, Rénald Bergeron, et le doyen de la Faculté de pharmacie, Jean Lefebvre, se sont rendus au Ritz-Carlton à Montréal dans une voiture fournie par l’entreprise Limousine A1, en septembre 2013 et 2014 pour assister à une soirée de remise de prix (voir encadré). Coût de chaque déplacement : 793 $.
Le porte-parole du Syndicat des employés de l’Université Laval, qui est en négociation avec l’administration, n’en revient tout simplement pas. «C’est scandaleux, c’est vraiment n’importe quoi!» a lancé le conseiller syndical Éric-Jan Zubrzycki.
Cette dépense contrevient aux règles en place à l’Université Laval. Elle a donc dû être autorisée par le recteur, Denis Brière, comme en témoigne un échange de courriels.
SOLUTION « LA PLUS ÉCONOMIQUE »
Le bureau du doyen de la Faculté de médecine a justifié cette dépense auprès du Service des finances en affirmant qu’il s’agit de la solution «la plus pratique» et «la plus économique», permettant ainsi d’éviter deux couchers à l’hôtel Ritz-Carlton de même que deux déjeuners et déplacements en train. M. Bergeron devait être de retour à Québec le lendemain matin pour l’ouverture d’un congrès.
Mais selon M. Zubrzycki, cette explication ne tient tout simplement pas la route, puisqu’il existe d’autres façons beaucoup plus économiques de faire des aller-retour à Montréal, en autobus ou en voiture de location. «Ce comportement témoigne bien d’un goût immodéré du luxe», lance-t-il, rappelant que ces dépenses ont été faites dans un contexte de compressions alors que l’administration dénonçait le sous-financement du réseau universitaire québécois.
« CAS EXCEPTIONNEL »
Du côté de la CADEUL, l’association qui représente les étudiants du premier cycle, on se dit rassuré de constater que les déplacements en limousine ne sont pas la norme. Au syndicat des chargés de cours, on s’étonne plutôt d’une telle dépense «hors norme» qui «témoigne d’une insensibilité certaine à l’endroit de la communauté universitaire».
L’Université Laval rappelle qu’il s’agit d’un «cas exceptionnel» et répète qu’il s’agissait de la meilleure solution, dans les circonstances.