Le destin de Martine
À la fin d’une semaine aussi rocambolesque, on conclut aisément que la course à la direction du Parti québécois va laisser des traces. Parmi toutes les zones de tension, il y a un phénomène qui dépasse les autres: le fossé qui sépare Martine Ouellet du reste du caucus.
Où s’en va donc Martine Ouellet? Sa personnalité et ses positions sont-elles devenues irréconciliables avec ses collègues? Le prochain chef subira des pressions fortes dans le caucus pour résister à la tentation de lui donner un rôle significatif dans le but de l’amadouer. Ils sont quelques-uns à bout de patience à son endroit, à tort ou à raison.
Le départ de Martine Ouellet constituerait sans contredit une lourde perte pour le PQ. Malgré ses idées étonnantes (elle dirait audacieuses) et sa réputation d’être un peu trop individualiste, elle représente quelque chose de fort dans le PQ.
Martine Ouellet est l’idéaliste. Elle porte l’image du chevalier sans peur et sans reproche qui regarde droit devant au nom de la cause. Elle parle de l’article 1 du PQ avec passion et fierté, au détriment même de l’appétit du pouvoir. Elle représente un souffle qui motive bien du militantisme parmi les troupes.
CHEZ QUÉBEC SOLIDAIRE
Dans le paysage politique, il y a d’autres familles qui pourraient faire des beaux yeux à la députée de Vachon advenant que les péquistes continuent à lui faire la baboune. Avec le départ probable de Françoise David, Québec solidaire va se retrouver en difficulté. Ce parti regorge de militants fervents, mais peu de gens y sont connus du grand public.
Martine Ouellet bénéficie de plusieurs atouts hautement enviables pour Québec solidaire. Elle est connue. Elle a à la fois de l’expérience parlementaire et une expérience ministérielle. Dans le cadre de deux courses à la direction du PQ, elle a vécu la dure réalité des débats, bonne préparation pour un débat des chefs.
Elle est campée à gauche, elle jouit d’une crédibilité environnementale et elle ne porte aucune tache du point de vue de l’intégrité. Si un chasseur de têtes partait à la recherche d’un chef pour Québec solidaire, il n’y a aucun doute que le nom de Martine Ouellet figurerait dans le haut de sa liste.
INCONTOURNABLE
De surcroît, madame Ouellet a beaucoup d’affinités avec les gens d’Option nationale. Depuis le départ de Jean-Martin Aussant, ce parti ne va nulle part. Mais il y reste un bassin d’indépendantistes de gauche plutôt jeunes et compétents qui ont le goût d’une nouvelle aventure. Une fusion du genre «Tous derrière Martine!» m’apparaît un scénario pensable.
Ce nouveau parti indépendantiste de gauche ferait mal au PQ électoralement et deviendrait un joueur absolument incontournable dans une stratégie de convergence des forces indépendantistes. Et les péquistes fatigués de Martine la retrouveraient sur leur chemin dans une position encore plus stratégique.
Je fais un peu de politique-fiction. Mais tout cela est plus que plausible. Et même si Martine Ouellet se rallie au gagnant le 7 octobre… gardons l’oeil ouvert.