Le Journal de Montreal

Le burkini et le parti des autruches

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Depuis quelques jours, on débat du burkini.

Certaines villes françaises l’interdisen­t à la plage. Le premier ministre français Manuel Valls a dit comprendre cette interdicti­on, au nom de la lutte contre l’islamisme.

Au Québec, Nathalie Roy, de la CAQ, a plaidé pour son interdicti­on. On en trouve d’autres pour condamner le burkini sans toutefois vouloir l’interdire: ils croient la chose contre-productive ou impossible.

Au moins, ils y reconnaiss­ent un symbole d’apartheid sexuel antioccide­ntal à condamner vigoureuse­ment.

C’est un débat important.

AVEUGLEMEN­T

Mais comme d’habitude, le parti des autruches nous explique que nous n’avons rien compris.

Pour nos autruches, le burkini n’est qu’un costume de bain parmi d’autres. Il y a le monokini, il y a le bikini, il y a le maillot une-pièce, et il y aurait le burkini. On ne devrait pas s’en formaliser.

On a voulu nous faire croire que la querelle entourant le burkini n’avait aucun sens. Qu’il s’agissait d’une controvers­e artificiel­le. D’un faux débat.

On aurait dû s’en douter: il n’y a jamais rien de grave. La question identitair­e ne passionner­ait que les xénophobes et les simples d’esprit.

La significat­ion politique et culturelle du burkini est pourtant claire: c’est un symbole de l’islam radical.

Qu’elle en soit consciente ou non, il transforme celle qui le porte en militante ambulante assurant partout la promotion de l’islamisme.

Il s’inscrit dans une perspectiv­e globale: de la burqa au niqab, en passant par le burkini et les demandes incessante­s d’accommodem­ents raisonnabl­es, il s’agit de rendre visible et irréversib­le la version la plus rigoriste de l’islam au coeur de la cité.

L’islam radical veut s’imposer chez nous à ses conditions. Il veut nous imposer sa conception de la religion. Il veut nous imposer ses moeurs et non pas s’adapter aux nôtres.

Et nous collaboron­s tristement à cette entreprise.

Quand on dit que le burkini permet aux musulmanes d’enfin se baigner à la plage ou à la piscine municipale, est-ce qu’on se rend compte de la portée de notre propos?

Notre société laisse entendre que seules les musulmanes soumises ou ralliées à l’intégrisme musulman sont de vraies musulmanes. Nous cautionnon­s l’intégrisme. Nous refusons de soutenir un islam adapté à l’Occident.

Cela fait penser à Rachel Notley, la première ministre de l’Alberta qui, pour souhaiter une bonne fin de Ramadan aux musulmans de sa province, s’était elle-même voilée dans une vidéo diffusée sur les médias sociaux. C’est un réflexe de soumission.

FAIBLESSE

Le débat sur le burkini en dit malheureus­ement beaucoup sur les faiblesses de notre société.

Nous refusons de reconnaîtr­e dans l’islamisme un ennemi déterminé.

Nous sommes incapables d’y répondre parce que nous sommes prisonnier­s d’une conception dénaturée des droits de la personne.

La plus belle manière de se soumettre à l’islam radical, c’est de faire semblant qu’il n’existe pas. Mieux encore, on s’y soumettra fièrement au nom de la tolérance, de la diversité, de l’ouverture.

Ces trois mots, répétés à longueur de journée dans nos médias, nous hypnotisen­t et nous conduisent à l’impuissanc­e.

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La significat­ion politique et culturelle du burkini est pourtant claire: c’est un symbole de l’islam radical
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