Vivre et fêter ensemble
Ainsi donc, la fête nationale serait non partisane et inclusive, selon les ténors souverainistes. Foutaise.
Elle le sera lorsque ces derniers cesseront de la récupérer pour faire des grands rassemblements de Montréal et de Québec des grand-messes séparatistes.
Elle le sera lorsque le Parti québécois cessera le tripotage budgétaire du type de celui effectué par le gouvernement Marois, en 2014, qui a haussé de 20 % le budget confié au Mouvement national des Québécoises et des Québécois pour l’organisation des célébrations. Son objectif était partisan, à la veille des élections.
Le gouvernement Couillard a par la suite annulé l’augmentation, en raison du contexte budgétaire. On ne peut donc pas parler d’une coupe, mais d’une révision d’une décision, non-inscrite dans un cahier des dépenses gouvernementales.
Le MNQ a par ailleurs dans sa mission «de faire du Québec un pays français et démocratique». Le MNQ a travaillé avec acharnement pour le OUI aux référendums de 1980 et 1995.
L’organisation de la fête devrait être confiée à une structure plus neutre.
FÉDÉRALISTES MAL VENUS
La fête nationale sera apolitique et inclusive lorsqu’un premier ministre du Québec, libéral, et les membres de son gouvernement pourront se présenter aux grands événements populaires de Montréal et de Québec sans que leur sécurité physique soit menacée.
Cela vaut aussi pour les membres du gouvernement fédéral. Stephen Harper vient au Québec chaque année le 24 juin, mais pour une visite éclair dans une localité en région où il peut être reçu poliment.
Les figures de proue fédéralistes ne sont cependant pas bienvenues aux gros partys de la famille.
La fête nationale fait une place depuis quelques années aux immigrants désireux de bien s’intégrer. Par contre, les artistes anglophones québécois de souche sont exclus. L’ex-président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et ex-chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu, a d’autorité fait rayer en 2009 la participation à un spectacle de la Saint-Jean de groupes de musiciens montréalais anglophones.
Il est reconnu que les Québécois forment une nation, mais on ne s’entend pas sur qui en fait partie. Boukar Diouf oui, mais les Anglo-Québécois? Pas sûr!
LES TIRADES
Le premier signal d’une réelle volonté d’une fête inclusive serait l’abstention de tirades politiques partisanes de la part des animateurs et des artistes. En profiter pour plaider pour la souveraineté est une action politique partisane, tout comme se lancer dans des dénonciations du gouvernement Couillard pour avoir annulé la promesse de Pauline Marois de relever le budget de la fête nationale, en 2016.
Les 181 signataires d’une lettre en ce sens adressée cette semaine au Devoir par des gens de l’industrie culturelle, à quelques jours de l’édition 2015, leur ont pavé le chemin de la politique partisane.
FÊTES DE QUARTIER
La conservation de quelques rassemblements de masse se justifie. Les Montréalais se tournent par contre de plus en plus vers les fêtes de quartier ou tout simplement de rue, entre voisins contents de célébrer à la fois la fête nationale et l’arrivée de l’été.
Cette formule mérite d’être développée partout au Québec. Le «vivre ensemble» commence par sa rue et son quartier.
La conservation de quelques rassemblements de masse se justifie. Mais le « vivre ensemble » commence par sa rue et son quartier