Un vendeur d’assurances sans scrupules plaide coupable
Robert Morin a fait perdre des millions à des dizaines de petits épargnants
Un vendeur d'assurances qui a fait perdre des millions à des dizaines de petits épargnants vulnérables sur plus d'une décennie vient de plaider coupable à 167 chefs d'accusation déposés contre lui par l'Autorité des marchés financiers (AMF).
Selon des documents obtenus par notre Bureau d'enquête, Robert Morin, 71 ans, de SaintJérôme, a plaidé coupable jeudi dernier à une kyrielle de chefs d'accusation de l'AMF.
Le procès de Morin, qui risque la prison et des amendes importantes, devait s'ouvrir lundi au palais de justice de Laval.
L'Autorité des marchés financiers (AMF) avait déposé en octobre 2013 une poursuite pénale contre Morin. On reprochait à Robert Morin d'avoir pratiqué illégalement l'activité de courtier en valeurs, effectué des placements sans prospectus et fourni des informations fausses ou trompeuses.
Il aurait aussi contrevenu à une décision du Bureau de décision et révision (BDR) datée de mai 2011.
Le Bureau de décision et de révision (BDR) a prononcé des ordonnances de blocage ainsi que des interdictions d’opération contre Morin en 2011. Il a continué de sévir après cette date.
Robert Morin a été radié par la Chambre de sécurité financière (CSF) en 2012.
DETTES DE 12 MILLIONS $
En 2012, Robert Morin a déclaré une faillite de 12 M$. Cent trente et un créanciers, dont la majorité d’entre eux sont de petits épargnants, sont laissés dans le noir sur les montants confiés à Morin qui pourront être récupérés.
Selon ce qui ressort des documents, Robert Morin, en plus de vendre de l'assurance, sollicitait activement l'argent de ses clients pour des projets nébuleux dont la très grande majorité a périclité. C'est le cas notamment d'une usine de prosciutto en Abitibi, d'une compagnie de chaussures et d'une entreprise de soins de santé.
DÉVASTÉ
Robert Morin a fait investir ses clients dans ces compagnies sans aucun prospectus et même parfois à leur insu.
Notre Bureau d'enquête a réussi à retracer une des victimes de Robert Morin.
Jacques Roy, un homme de Mirabel qui souffre de problèmes de santé, dit avoir perdu l'essentiel de ses économies pour la retraite dans les mains du conseiller.
«Il s'est servi de moi comme un guichet automatique», a-t-il dit. Sa conjointe, Irène St-Jean, s'est aussi laissé convaincre d'investir des milliers de dollars avec lui.
Jacques Roy dit avoir perdu 440 000 $ dans les mains de Morin. «J'avais confiance en lui. Il venait manger à ma table. Je le considérais comme un ami», a-t-il dit.
Selon lui, Morin l'aurait même convaincu de réhypothéquer sa maison pour investir. «J'ai commencé à travailler à 14 ans et il a mangé l'essentiel de mes économies», a-t-il dit.
«J'espère qu'il va s'en aller en prison. J'essaie de pas trop penser à lui parce que je deviens mauvais et j'aurais de la misère à me contrôler», a-t-il dit.