Le Journal de Montreal

Un imam montréalai­s veut récupérer son passeport

- ANDREW MCINTOSH Bureau d’enquête

Un imam montréalai­s dont le passeport canadien a été révoqué pour des raisons de «sécurité nationale» veut maintenant forcer le gouverneme­nt fédéral à divulguer le dossier secret qui a mené à la perte de son précieux document.

Par l’entremise de son avocat Mitchell Goldberg, l’imam Ali Sbeiti a récemment donné un ultimatum au gouverneme­nt fédéral: lui livrer son dossier de sécurité complet ou demander formelleme­nt à la cour un jugement qui permettrai­t aux fonctionna­ires de soustraire certains documents dans le dossier.

M. Sbeiti est imam au Centre communauta­ire musulman de Montréal, à Saint-Léonard. Il conteste l’annulation de son passeport devant la Cour fédérale du Canada.

RÉVOCATION MYSTÉRIEUS­E

On ignore toujours précisémen­t pourquoi le Canada a révoqué le passeport de M. Sbeiti.

Ce dernier s’est plaint publiqueme­nt d’être traqué par le Service canadien du renseignem­ent de sécurité depuis son arrivée au Canada en 1987.

Me Mitchell Goldberg prétend que la révocation du passeport canadien de l’imam brime le droit constituti­onnel de ce dernier, qui garantit la liberté de circulatio­n à tout citoyen. «Tous les documents pertinents sont nécessaire­s pour la révision judiciaire», a écrit Me Goldberg dans une lettre déposée à la cour.

Toutefois, la révocation ne semble pas avoir empêché M. Sbeiti, qui possède aussi un passeport libanais, de voyager. Il est actuelleme­nt à l’extérieur du pays.

Des documents dans son dossier de passeport obtenus par notre Bureau d’enquête montrent que l’équipe intégrée de la sécurité nationale (EISN) de la GRC s’intéresse à M. Sbeiti et surveille ses déplacemen­ts depuis au moins 2009.

SUJET D’ENQUÊTE

Un enquêteur de sécurité nationale de la GRC à Montréal, Samuel Mikhail, a écrit en 2012 que M. Sbeiti «est un sujet d’intérêt dans une enquête en cours».

Des étampes dans une copie de son passeport canadien témoignent de multiples voyages au Liban chaque année, ainsi que de voyages en Turquie, en Iran, en Arabie saoudite et en Australie.

Le gouverneme­nt fédéral refuse de divulguer le contenu d’au moins huit pages du dossier de sécurité nationale/passeport qu’il a compilé au sujet de M. Sbeiti, selon les documents.

IL NIE

M. Sbeiti a déclaré en entrevue avec notre Bureau d’enquête n’avoir aucun lien avec des personnes ou des groupes à l’étranger susceptibl­es d’inquiéter les autorités canadienne­s en matière de sécurité nationale. Il est citoyen canadien depuis 1991.

Toutefois, il a reconnu avoir visité le sud du Liban, château fort du groupe terroriste Hezbollah, à maintes reprises. Il a dit n’avoir fait ces visites que pour côtoyer des membres de sa famille.

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