Normes et tabous des sadomasochistes
RIMOUSKI | Les adeptes du bondage, de la domination, de la soumission et du sadomasochisme trouvent opportun que le film Cinquante nuances de Grey aide à «normaliser» ces pratiques sexuelles dans la société, mais critiquent fortement l’absence de consentement du personnage.
Après avoir interrogé 15 adeptes des pratiques BDSM, la sociologue de l’Université Laval, Caroline Déry, a élaboré un portrait des normes et tabous de la communauté. L’affaire Jian Ghomeshi ainsi que le populaire livre Cinquange nuances de Grey ont poussé les activités BDSM à l’avant-scène de l’actualité.
«Le livre a vraiment été bien accueilli par les praticiens. Et, lorsqu’eux-mêmes essaient de démystifier leurs pratiques avec des gens qui ne pratiquent pas, ils vont commencer en parlant de ça», explique la chercheuse. «Mais, ils vont beaucoup insister sur le fait que ça ne correspond pas à leurs pratiques, parce que la notion de consentement n’est pas respectée, c’est une relation de manipulation et de violence».
D’ailleurs, les actes commis par Jian Ghomeshi sont férocement critiqués par les adeptes. Pourquoi? Parce que le BDSM est basé principalement sur la notion de consentement, d’égalité et de contrat. «La distinction est plus marquée pour Ghomeshi, parce que pour eux ce n’est pas du BDSM, mais de l’agression sexuelle qui les fait encore passer pour des fous».
évolution
Bien que le portrait de ceux qui pratiquent le BDSM semble très intense, les règles qui les régissent sont strictes et négociées minutieusement et réévaluées régulièrement. L’essai de Mme Déry pose un regard concret sur les normes BDSM.
Qu’ils vivent en couple ou célibataire, les adeptes du BDSM ont des vies normales et des statuts sociaux diversifiés. La majorité d’entre eux ont des pratiques que la communauté qualifie de «vanilles», soit normales. Pour eux, le BDSM est considéré comme un passe-temps, mais la presque totalité des acteurs ne pourrait s’en passer. Mais dans la société en générale, est-ce normalisé, accepté?
«Avant le BDSM, c’était vu comme une perversion et un pêché par la religion. Ensuite, c’est devenu pathologique, une maladie mentale», rappelle la chercheuse. «C’est encore réprouvé aujourd’hui, mais l’imaginaire du BDSM a changé et a infiltré les représentations populaires», relate Mme Déry.