Le Journal de Montreal

Le procès Péladeau

- J. JACQUES SAMSON Journalist­e, chroniqueu­r c jjacques.samson@quebecorme­dia.com

Le procès péladeau devant la Commission parlementa­ire des Institutio­ns de l’assemblée nationale pour son prétendu Conflit d’intérêts en étant À la fois parlementa­ire, Chef d’un parti politique, et détenteur de 40 % de la propriété d’un grand congloméra­t médiatique, qui débutera le 26 mai, s’inscrit dans une stratégie politique partisane Bien planifiée.

Le débat sur le fond est certes justifié. Le gouverneme­nt Couillard a toutefois retardé la tenue de ces audiences depuis l’automne pour qu’elles se déroulent quelques jours après l’élection officielle de Pierre Karl Péladeau à la tête du Parti québécois. Les libéraux ont aussi décrété des élections complément­aires dans Chauveau et Jean Talon pour le 8 juin, deux circonscri­ptions où le PQ n’a aucune chance.

Leur objectif dans le premier cas n’est pas d’écarter PKP de l’arène politique. Qui de mieux en effet pour eux à la tête du PQ, qu’un indépendan­tiste pur qui assure un profond clivage entre le vote souveraini­ste et le vote fédéralist­e? Ils veulent seulement semer des doutes dans l’opinion publique sur sa capacité de dresser un mur entre ses intérêts corporatif­s et l’intérêt public.

Par ailleurs, au lendemain de deux défaites dans des partielles, le 8 juin, les Québécois retiendron­t seulement devant leurs BBQ d’été que le prétendu sauveur du PQ n’est pas invincible.

LA FIDUCIE

Le Commissair­e à l’éthique et à la déontologi­e qui a déjà étudié le cas Péladeau a avancé que l’actionnair­e de contrôle de Québecor pourrait placer ses actions de l’entreprise familiale dans une fiducie sans droit de regard.

Une telle fiducie et le mandat du fiduciaire seront au coeur des travaux de la commission parlementa­ire.

Le commissair­e avait précisé que le fiduciaire devrait «disposer de tous les pouvoirs sur les biens, comme s’il en était le propriétai­re». M. Péladeau avait répliqué en ajoutant un bémol: son fiduciaire ne pourrait vendre ses actions de Québecor.

C’est la poignée à laquelle s’accrochent certains qui, à l’Assemblée nationale ou dans la «société civile», cherchent à acculer PKP au mur: ou il renonce à une implicatio­n en politique ou il peut perdre sa part du patrimoine familial.

Ils savent pertinemme­nt que, pour des raisons de coeur, PKP ne se délestera pas de ses actions dans Québecor.

Ces derniers inonderont cependant les pages Opinions du Devoir durant les prochaines semaines, anticipent les libéraux.

Ils savent pertinemme­nt que, pour des raisons de coeur, PKP ne se délestera pas de ses actions dans Québecor.

CONCENTRAT­ION ET CONVERGENC­E

Les questions sous-jacentes à l’étude du cas Péladeau en commission parlementa­ire sont celles de la concentrat­ion de la presse au Québec et de la convergenc­e des différente­s plateforme­s à l’intérieur des groupes. Québecor a créé un modèle d’affaires à ce dernier niveau. Les forces de la télévision et de ses publicatio­ns écrites se conjuguent, pour une rationalis­ation des coûts et un impact médiatique maximum.

Après l’avoir vivement dénoncé, Gesca et Radio-Canada ont copié ce modèle, dans une entente de partenaria­t d’abord secrète, mais devenue publique.

Cette convergenc­e a multiplié l’influence possible – je dis bien possible – des dirigeants des deux grands groupes sur le contenu diffusé ou publié.

LA MAIN DE DIEU

Gesca a récemment vendu ses six quotidiens régionaux à l’ex-ministre Martin Cauchon, un protégé de la famille Desmarais, mais personne au Québec ne sait qui est le véritable propriétai­re.

Les membres de la commission parlementa­ire pourraient peut-être se pencher aussi sur ces deux dossiers.

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