Le Journal de Montreal

La valeur UQAM

Au plus fort de l’occupation du Pavillon J.-A.-DeSève mercredi soir, les manifestan­ts scandaient «À qui l’UQAM? À nous l’UQAM». C’est exactement l’impression qui se dégage partout en province: l’Université du Québec à Montréal appartient de plus en plus à

- MARIO ASSELIN Blogueur au Journal Ex-directeur d'école et conseiller senior à la CAQ, spécialist­e en éducation et NTIC

Cette impression est sûrement exagérée. À tort ou à raison, les gens qui ne fréquenten­t pas l’institutio­n ont toutes les raisons de croire que l’établissem­ent d’enseigneme­nt supérieur francophon­e du centre-ville de Montréal est en crise perpétuell­e.

En 2008, le scandale financier de l’îlot Voyageur qui a laissé un demi-milliard de dollars de dettes au Trésor québécois a parti le bal. Depuis, on cherche qui est responsabl­e à l’UQAM.

Foyer principal du printemps érable, l’UQAM semble avoir épousé les valeurs de l’ASSÉ. On est loin de l’établissem­ent qui a produit les Joseph Facal, MarieFranc­e Bazzo, Guy A. Lepage et Pierre Karl Péladeau.

Les 44 000 étudiants, autant que le millier et plus de professeur­s qui y enseignent et font de la recherche, ne

peuvent pas tous être des anarchiste­s.

L’ACCENT GRAVE DE L’UQÀM

L’identité visuelle de l’établissem­ent a toujours fait jaser, tout comme sa propension à ne se définir que sous l’enseigne de l’esprit critique, ce qui constitue une belle valeur en soi.

Aucune leçon ne semble avoir été tirée des malheureux événements du printemps 2012

Démocratis­ation de l’éducation et accessibil­ité font partie de la mission première de l’établissem­ent.

Certains professeur­s de l’UQAM présentent leur université comme étant une sorte de «sanctuaire de la liberté d’expression».

On comprendra alors que l’injonction récemment obtenue auprès de la Cour supérieure du Québec pour interdire aux étudiants de perturber toute activité dans l’université ait mis le feu aux poudres.

CHANGER LES RÈGLES DU JEU

Aucune leçon ne semble avoir été tirée des malheureux événements du printemps 2012. Les gouverneme­nts Marois et Couillard n’ont pas agi pour baliser la démocratie étudiante.

Il est trop tard pour intervenir, même si certains votes pris dans les assemblées étudiantes laissent croire à de graves irrégulari­tés.

OÙ EST L’UNIVERSITÉ TOLÉRANTE ET PLURIELLE ?

«Les canaux de communicat­ion ont tous été coupés», affirme un étudiant qui siège au conseil d’administra­tion de l’UQAM. La démission du recteur Proulx est réclamée.

Le ministre de l’Enseigneme­nt supérieur a demandé aux recteurs d’agir pour faire respecter le droit des étudiants à assister à leurs cours. Le recteur de l’UQAM a agi. Il va devoir l’appuyer, quoi qu’il advienne.

Le droit semble soutenir les étudiants qui veulent assister à leurs cours, mais une fois les injonction­s obtenues, elles deviennent très difficiles à faire appliquer. Ça prendra davantage.

Les étudiants de l’UQAM sont parmi les plus militants du Québec, mais leurs demandes sont de plus en plus larges et confuses.

Les professeur­s, les leaders étudiants et les autres officiers de l’UQAM doivent comprendre que l’image de marque de l’université est sérieuseme­nt entachée par ces années de tumultes et de scandales.

Les conditions pour faire des études sérieuses à l’UQAM ne sont plus réunies. Quelqu’un va devoir se lever pour rétablir la situation.

Masquer ainsi la valeur de sa formation mène inévitable­ment à l’isolement!

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