De l’eau potable gaspillée tout l’hiver
À cause d’un record de tuyaux gelés, un millier de personnes doivent laisser le robinet ouvert en permanence
QUÉBEC | Un nombre record de tuyaux d’eau potable gelés à Québec force un millier de résidents à laisser couler leur robinet jour et nuit depuis des semaines.
«On nous habitue à économiser l’eau, de la fermer lorsqu’on se lave les dents. La Ville n’était pas prête à faire face à ça, m’a dit le contremaître à la Ville», affirme François Latouche.
Il y a un peu plus d’un mois, l’eau a cessé de couler chez lui, même si le quartier de Cap-Rouge où il vit n’a que 10 ans d’âge. Les tuyaux devraient être assez profonds pour ne pas être victimes des conditions climatiques.
La Ville a envoyé un plombier pour déboucher la conduite et à la suite de cette intervention, l’administration lui a expliqué qu’il serait tenu responsable des frais si sa conduite gelait de nouveau.
Depuis, M. Latouche doit laisser couler l’eau du robinet en tout temps, à la demande de la Ville, et ce, jusqu’au mois de mai.
La Ville de Québec peine à économiser l’eau potable et à respecter les règles du gouvernement du Québec, révèlent de récents documents du comité exécutif de la Ville. Le bilan ne sera pas plus reluisant à la fin de l’hiver très froid au Québec, puisque jamais il n’y a eu autant d’intervention pour des tuyaux gelés.
ANNÉE EXCEPTIONNELLE
L’administration admet avoir demandé aux citoyens aux prises avec des problèmes de tuyauterie d’ouvrir le robinet en permanence. «Il n’y a pas d’autres solutions, a mentionné le porte-parole de la Ville de Québec, David O’Brian. On parle d’un filet d’eau».
Le chargé de projet en eau pour le Réseau Environnement, Alain Lalumière, soutient que l’opération n’est pas idéale, mais admet que les villes doivent faire des choix pour maintenir le service.
«Il y a des options à plus long terme. Mais, cette année, c’est une situation qui est critique et anormale. Lorsqu’il y a des problèmes de gel récurrents dans une ville, on peut soit isoler les conduites ou les enfouir plus profondément», a-t-il souligné.
MAL NÉCESSAIRE ?
L’organisme Eau secours avoue que la perte de ces millions de litres d’eau potable est «triste». Cependant, il s’agirait «peut-être d’un mal nécessaire», a expliqué Martine Chatelain, présidente de la Coalition.
Encore cette semaine, l’entreprise Boucher Lortie a reçu de nombreux appels de résidents dont la conduite d’eau potable était gelée… en avril.