Un vote secret pour dénouer la crise
Craignant une crise sociale similaire à celle de 2012, l’ex-ministre Serge Ménard appelle les étudiants à adhérer aux règles démocratiques en tenant des votes secrets avec le soutien logistique de leur université.
«La seule façon de régler à l’UQAM, ce serait de s’entendre sur une assemblée générale qui se terminerait sur un vote secret», estime celui qui a présidé la commission d’enquête sur le printemps érable.
Selon M. Ménard, la plupart des étudiants sont avant tout soucieux de leur réussite scolaire et, même s’ils descendent dans la rue, ils n’appuient pas les actions violentes menées par des groupes masqués comme ce qu’on peut voir à l’UQAM ces derniers jours.
La tenue de votes secrets a été réclamée à l’UQAM lors des premières assemblées générales de grève. La proposition a toutefois été battue, ce que déplore l’ex-ministre de la Sécurité publique et de l’Éducation.
«Les contestataires invoquent la démocratie, eh bien, il faut qu’ils aient une attitude démocrate», insiste-t-il. «Ça n’a pas de bon sens de permettre des tactiques qui sont une perversion de la démocratie», poursuit-il.
Pour lui, la direction de l’université doit jouer un rôle clé pour apaiser les tensions en suivant l’exemple montré par le Cégep de Gatineau en 2012.
Là-bas, les votes ont tous été secrets grâce à une logistique fournie par l’établissement. Les assemblées ont aussi été encadrées par la direction avec le soutien d’une notaire pour que tout se fasse selon les règles de l’art.
Cette main tendue sans ingérence a finalement permis une reprise des cours «sans casse, sans bris et sans tension inutile», note M. Ménard dans son rapport.
« pas trop tard »
Selon lui, le modèle du Cégep de Gatineau aurait dû être appliqué à l’UQAM cette année «dès le départ», mais «il n’est pas trop tard» pour y revenir.
L’ex-chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, abonde dans le même sens. Selon lui, le scrutin secret en présence de scrutateurs, étalé sur quelques jours pour que tous puissent voter, permettrait «d’éviter toute manipulation des résultats».
M. Duceppe est d’avis que l’État doit légiférer en ce sens au plus vite. «Le gouvernement doit agir rapidement, sinon les comportements asociaux auxquels nous assistons vont malheureusement se poursuivre», écrit-il sur son blogue.
Dans son rapport, M. Ménard recommandait à Québec «de clarifier la Loi sur l’accréditation et le financement des associations d’élèves ou d’étudiants en reconnaissant un droit de greve etudiant dont l exercice devrait
’ etre balise par l’obligation de recourir a un vote secret».
Quant à l’action policière, M. Ménard rappelle que «la police, c’est toujours un dernier recours». Selon lui, les policiers ne doivent intervenir que lorsque des actes criminels sont commis et s’il n’y a pas d’autre moyen de les contrôler.