Le Journal de Montreal

Marécage contre promoteur

Un projet immobilier tombe à l’eau à Laval pour protéger un milieu humide au bord de l’autoroute 440

- Anne Caroline Desplanque­s ACDesplanq­uesJDM 514.599.5888 8024 anne-caroline.desplanque­s @quebecorme­dia.com

Un vaste projet immobilier qui devait voir le jour dans un marécage de Laval tombe à l’eau, après des années de bataille juridique entre le promoteur et le ministère de l’Environnem­ent.

«La prise de position du tribunal est très forte. Un rappel à l’ordre est sonné pour les promoteurs», estime l’avocat et biologiste Jean-François Girard, administra­teur au Centre québécois du droit en environnem­ent (CQDE).

Selon M e Girard, ce jugement donnera à l’avenir du fil à retordre aux développeu­rs immobilier­s. «Si j’avais des clients qui voulaient poursuivre pour développer dans un milieu humide je leur dirais qu’ils n’ont pas grand chance de gagner», prévient-il.

AUTOROUTES 440 ET 13

Le champ de bataille est un terrain de 21 hectares à l’intersecti­on des autoroutes 440 et 13, à Laval. Le promoteur Investisse­ments Richmond souhaite y faire pousser un quartier résidentie­l et une zone industriel­le.

Plus de la moitié de la parcelle est couverte de zones humides, d’après la carte interactiv­e des milieux humides produite par Canards Illimités en collaborat­ion avec le ministère de l’Environnem­ent.

La Ville de Laval a donc refusé d’accorder un permis de construire, estimant que le promoteur devait d’abord obtenir un certificat d’autorisati­on du ministère de l’Environnem­ent.

DÉFINIR MILIEU HUMIDE

Obtenir ce sésame ayant toutefois un coût, le promoteur a décidé de porter sa cause devant la cour pour contourner le ministère de l’Environnem­ent.

Dans sa requête, il affirme que son terrain n’a rien d’humide puisqu’il le parcourt «à pied sec». Pour lui, sans présence d’eau à l’année, il est impossible à un citoyen ordinaire de savoir qu’il est face à un milieu humide, le ministère de l’Environnem­ent n’a donc pas à mettre son nez dans ses affaires.

Mais la réplique du juge Yergeau est sans équivoque. «Le juge dit carrément aux promoteurs “vos arguments sont ridicules; arrêtez de niaiser”», indique M e Girard.

«Invoquer l’absence de connaissan­ces techniques de celui qui entend faire des travaux dans un marais, un marécage ou une tourbière n’est pas un motif pour se soustraire à ce que la Loi exige», écrit le juge, ex-vice-président du BAPE.

«C’est la fin de l’incertitud­e sur la définition de ce qu’est un milieu humide. Aujourd’hui, on ne peut plus les ignorer», se réjouit Guillaume Daigle, chef des politiques publiques et de l’éducation chez Canards Illimités.

Investisse­ment Richmond – qui n’a pas rappelé Le Journal – n’a toutefois pas jeté l’éponge. L’avocat de l’entreprise, M e Roger Paiement, a en effet inscrit la cause en appel.

 ??  ?? à l’intersecti­on Le terrain est situé
et 13 à Laval, des autoroutes 440 dans le coin nord-est.
Le marécage convoité par le promoteur Investisse­ments Richmond est situé à l’intersecti­on des autoroutes 440 et 13, à Laval.
à l’intersecti­on Le terrain est situé et 13 à Laval, des autoroutes 440 dans le coin nord-est. Le marécage convoité par le promoteur Investisse­ments Richmond est situé à l’intersecti­on des autoroutes 440 et 13, à Laval.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada