Le Journal de Montreal

Le mouvement étudiant est en train de s’effriter

- Camille Laurin-Desjardins CDesjardin­sJDM 514.599.5888 8050 camille.laurin-desjardins@quebecorme­dia.com

Les appuis à la grève semblent s’effriter pendant que des dizaines de militants masqués continuent de bafouer l’injonction de l’UQAM pour forcer l’annulation des cours.

Par un vote secret, les étudiants en langues et communicat­ion de l’UQAM ont dit non à la grève en grande majorité (703 contre et 255 pour), hier.

Au Cégep du Vieux Montréal, un bastion traditionn­ellement progrève, les étudiants ont voté à deux reprises contre la grève. Un troisième vote, alors que quelques centaines d’étudiants avaient déserté l’assemblée, a finalement entériné la poursuite du débrayage (1077 pour et 1037 contre).

Pendant ce temps, l’injonction de la Cour supérieure interdisan­t à quiconque de perturber les activités de l’UQAM n’était toujours pas respectée. Hier, une trentaine de militants masqués ont fait lever des cours dans les facultés en grève, alors que les membres de l’Associatio­n étudiante des sciences humaines avaient voté pour la grève générale illimitée la veille. «C’est vraiment rendu l’enfer», a confié un étudiant au baccalauré­at en gestion publique dont le cours venait d’être annulé hier matin.

AMBIANCE TENDUE

Bien que personne n’ait usé de violence, l’atmosphère était tendue dans les salles de classe, racontent les étudiants interrogés par Le Journal . «Ils ont effacé ce que l’enseignant avait écrit au tableau pour dessiner le logo “anarchie”. Ils ont fait le train dans la classe, en attendant que les gens sortent. Des gardiens les ont regardés faire», raconte l’un d’entre eux, qui n’a pas voulu être identifié.

La direction de l’UQAM n’a toujours pas indiqué quelles mesures elle allait prendre pour faire respecter l’injonction qu’elle a obtenue mercredi dernier. Selon la porteparol­e Jenny Desrochers, six cours ont été levés sur la centaine qui devait être donnée à l’université hier matin. «Une enquête a été entamée, a-t-elle affirmé. L’enjeu est d’identifier les personnes masquées.»

CALME SOUHAITÉ

M me Desrochers n’a pas voulu préciser comment la direction y arrivera ni quelles mesures seront prises par l’université par la suite. «On souhaite que ça se calme et que l’injonction soit respectée.»

Un militant qui participe aux levées de cours (qui a requis l’anonymat pour ne pas être poursuivi) croit que l’université attend les votes de reconducti­on de grève prévus cette semaine avant d’agir. «S’ils intervenai­ent avec force en ce moment, et qu’un étudiant était blessé pendant une levée de cours, ça créerait une escalade, et ils ont peur de la façon dont ça pourrait influencer le vote», dit-il.

Selon lui, l’objectif n’est pas d’intimider qui que ce soit pendant les levées de cours, mais bien de faire respecter les mandats de grève. Mais même en essayant de discuter calmement avec les étudiants, le ton monte rapidement, constate-t-il.

Si les manquement­s à l’ordonnance de la cour devaient se poursuivre, l’UQAM pourrait être vulnérable à des poursuites en dommages de la part d’étudiants qui n’ont pas pu assister à leurs cours, croit l’avocat Rémi Bourget.

«Mais le problème principal, en ce moment, c’est l’atteinte à la crédibilit­é de l’UQAM et du système de justice», ajoute-t-il.

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Une trentaine de militants masqués se sont promenés dans l’UQAM hier pour forcer l’annulation des cours dans les facultés en grève, malgré l’injonction obtenue par l’université mercredi dernier.
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