Le Journal de Montreal

Extraits du livre Confession­s d’un tueur à gages

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Je l’ai aidé à installer le poêle. On a sorti le corps. On l’a mis dans un baril en plastique. On l’a déshabillé. J’ai fouillé dans ses poches. Il n’avait pas 100 $ sur lui mais il y avait des petits sachets de drogue. De la poudre blanche. Dans son portefeuil­le, il y avait une découpure de journal avec une photo. Je l’ai reconnu. C’était lui sur la photo mais beaucoup plus jeune. L’article relatait un vol à main armée. De toute façon, tout a été brûlé. Mon ami a sorti un genre de scie, en long. J’oublie le nom de cette scie-là. Mon doux, ça ressemble à un gros couteau électrique! Les dames se servent de ça pour couper des morceaux de viande. Mais c’est une scie de constructi­on... Alors mon ami, bon ben, il me dit: «Veux-tu commencer à le découper?» Moi j’avais un petit manteau, des jeans, une casquette et un genre de gilet à collet roulé qu’on peut remonter. Comme je vous disais, monsieur Hubert était habillé en femme. Je l’ai pris de même pis on s’est en venus. En rentrant, monsieur Hubert s’est placé du côté gauche du restaurant, comme pour surveiller les personnes là. J’ai levé le collet de mon chandail. Je me suis dirigé rapidement vers l’individu. J’ai

tiré dessus. Plusieurs fois. Je me souviens que sa conjointe a crié.

J’ai laissé mon arme à terre. Personne

a bougé dans le restaurant. Personne. Gérard Hubert est sorti. Je l’ai suivi. À l’extérieur, on a marché normalemen­t. Tout était tranquille…» J’avais rencontré monsieur Raymond Bouchard. Il m’a dit qu’il avait un gros service à me demander. Qu’il voulait faire tuer une personne. Il m’a donné son nom, c’était Guy Laflamme. [...] Alors à ce moment-là, j’ai dit oui, que j’allais lui rendre ce service-là. Raymond Bouchard m’a dit: “On ne peut pas te verser une grosse somme d’argent, on n’en a pas.” Mais il m’a dit: “Le service que tu vas nous rendre, un jour, si t’es mal pris, on fera la même chose et on t’aidera.” C’est resté de même. [...]» J’avais rencontré Raymond à TroisDesfo­ssés Rivières dans son commerce de voitures et il m’avait demandé de tuer cette personne-là. [...] Près de TroisRiviè­res, j’ai rejoint monsieur Desfossés au téléphone en lui disant que l’amie de ma conjointe avait eu ssss... son petit bébé. “Ah ben, je suis très heureux. Tu lui diras mes félicitati­ons”, qu’il m’a dit. C’était un code entre nous pour dire que tout était fait.»

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