Le Journal de Montreal

16 ans à travailler avec des génies

Le Québécois Patrick Pichette quitte Google, tandis que l’entreprise américaine est au sommet

- Marie-Joëlle Parent @mariejoell­e

NEW YORK | Un des piliers de Google, le Québécois Patrick Pichette, a annoncé cette semaine qu’il prenait sa retraite, après seize ans passés au coeur du géant américain. Hyperactif, passionné et véritable bourreau de travail, il avait pourtant l’air de tout sauf d’un homme qui s’apprête subitement à prendre sa retraite.

CORRESPOND­ANTE AUX ÉTATS-UNIS

«Tu travailles avec des géants. Il faut que tu puisses suivre. Je travaille avec des génies, c’est une leçon d’humilité», a-t-il confié en entrevue, quelques jours avant l’annonce-surprise de son départ.

«J’ai une job assez facile. La première question que je me pose quand les idées aboutissen­t à mon bureau c’est: “Est-ce que je vais avoir au moins un milliard d’utilisateu­rs potentiels?”»

«Deux cents millions d’utilisateu­rs, ça ne vaut pas notre temps. On vise la planète», insistait le Québécois, depuis son bureau au siège social de Google à Mountain View.

ONDE DE CHOC

À 52 ans, Patrick Pichette occupe un poste prestigieu­x, celui de chef de la direction financière (CFO) de Google, une compagnie évaluée à 158 milliards de dollars.

Pas étonnant que la nouvelle de son départ ait semé une onde de choc dans la communauté techno de Silicon Valley.

«Son départ est une perte pour Google. M.Pichette est l’un des meilleurs dirigeants de Google. Il a inculqué une discipline financière à la compagnie», a écrit le .

USA Today

TOUR DU MONDE

Patrick Pichette a expliqué les raisons de cette décision dans une lettre touchante publiée sur sa page Google Plus. «Je prends ma retraite de Google pour passer plus de temps avec ma famille. Oui, je sais, vous avez déjà entendu ça quelque part».

Les enfants maintenant partis de la maison, Patrick Pichette explique vouloir profiter des bonnes années qu’il lui reste pour faire le tour du monde avec sa femme.

«Le rythme est effréné depuis 1500 semaines maintenant. Je suis toujours branché, même quand je ne suis pas censé l’être», écrit-il.

Le cofondateu­r de Google, Larry Page a écrit en introducti­on de ce texte: «Un avis de départ non convention­nel de la part d’un CFO non convention­nel. C’est à lire, ça vous réchauffe le coeur».

M. Pichette restera en poste pour les six prochains mois pour aider la compagnie à trouver un nouveau chef financier qui cadre avec la culture de la compagnie, ce qu’on appelle dans le jargon, être «googley».

MILLIONNAI­RE À VÉLO

«En gros, ça veut dire, est-ce que tu travailles à changer le monde: c’est un mélange d’idéalisme d’innovation, d’ouverture d’esprit. C’est une culture d’optimisme. On cherche les réponses aux questions mondiales», dit-il.

Ce n’est pas «googley» en revanche d’exhiber sa richesse. Patrick Pichette correspond à ce profil. Malgré son salaire faramineux (31 millions $ grâce à ses actions entre 2010 et 2013, selon CNN Money), il vient au travail à vélo chaque jour.

«Mon auto, c’est une Golf, elle vient de passer le cap des 16000km, et ça, c’est parce que je la prête à d’autres.»

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