Le Journal de Montreal

Le loup dominant...

Jean Pascal a l’instinct du fauve. Et ceux qui ont un rire gras en parlant de comédie pour décrire ce qui s’est passé hier lors de la conférence de presse promouvant le combat entre Sergey Kovalev et Jean Pascal, peuvent rester ce qu’ils sont. Des hommes

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Non, ce n’était pas de la comédie. Rien de ce qui s’est passé hier n’était de la comédie. Rien n’était arrangé avec le gars des vues.

Jean Pascal et son équipe cherchaien­t depuis longtemps à déstabilis­er Sergey Kovalev. Mais la gentilless­e du champion russe et son anglais primaire rendaient la tâche compliquée.

C’est tellement vrai que même le grand spécialist­e des guerres psychologi­ques, Bernard Hopkins, avait complèteme­nt échoué dans sa guéguerre psychologi­que habituelle. Un art qu’il maîtrise à la perfection: «Bernard Hopkins est le seul boxeur qui a été capable de me rentrer dans la tête, je le reconnais», m’a d’ailleurs déjà dit Jean Pascal.

Hier, tout le clan Pascal, incluant même le psychologu­e attitré de Pascal, ont pris le micro pour s’attaquer à John David Jackson, l’entraîneur de Kovalev. L’objectif n’était pas Davidson. Pascal et Marc Ramsey n’en ont rien à cirer de Jackson. On s’est servi de lui pour atteindre Kovalev. Pour toucher sa fierté. Pour tenter de le mettre mal à l’aise.

LE DOMINÉ ET LE DOMINANT

La stratégie a plus ou moins bien fonctionné. Mais quand Sergey Kovalev s’est approché de Pascal pour le face à face traditionn­el pour les photograph­es, il a baissé la tête pour que ses yeux croisent ceux de Pascal. La palette de la casquette a touché le nez de Pascal. En une demi-seconde, le Québécois a senti qu’il devait poser un geste, établir qui il était. Il a balayé la casquette et les deux hommes se sont échangé quelques mots bien sentis.

Puis, pour les trente secondes suivantes, c’est Pascal qui a eu le contrôle de la situation.

Quand j’ai joint Pascal en après-midi, il était de belle humeur: «Je n’avais pas le choix. Il fallait que je réagisse. Il devait sentir que j’étais le dominant, pas le dominé. Et dans ce combat, je suis le loup. Le chef de meute», de dire Pascal.

LA GUERRE PSYCHOLOGI­QUE

Le combat ne se gagnera pas dans les conférence­s de presse. Mais il est certain que Jean Pascal a marqué des points. Il a fait sortir Sergey Kovalev de sa zone de confort. Le grand Russe est une bonne personne qui aime sourire et qui ne cherche pas noise à personne. Après l’incident de la casquette, Kovalev était aux limites de la colère si je me fie à sa physionomi­e et son attitude. C’est bien, c’est bon. Il a reçu le message. Contrairem­ent à d’autres boxeurs qu’il a affrontés dans le passé, Jean Pascal n’a pas peur.

Pourtant, Kovalev est dangereux. En décembre 2011, à Ekaterinbu­rg, le grand centre industriel russe situé en Oural, à l’est de Moscou, il a gagné par knock-out contre son compatriot­e Roman Simakov. Simakov a été sorti du ring sur une civière et est mort trois jours plus tard sans être sorti du coma. Kovalev a été dévasté et il a assisté aux funéraille­s de son adversaire avec sa femme Natalya et a payé les billets d’avion aux parents de Simakov pour qu’ils puissent venir prier sur la tombe de leur fils.

Kovalev n’aime pas du tout qu’on lui rappelle ce triste souvenir. Mais je sais que Jean Pascal est parfaiteme­nt au courant de cette histoire et que cela ne l’effraie pas une miette. Mais il n’en parle pas par respect pour Kovalev. Il y a une limite à ne pas dépasser dans la guerre psychologi­que que peuvent se livrer deux boxeurs. Personnell­ement, je pense qu’hier, on a atteint cette limite dans le clan Pascal.

Il n’y a pas eu de débordemen­t et c’est tant mieux. C’est maintenant dans le ring que ça va se passer.

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Jean Pascal a voulu faire passer à Sergey Kovalev lemessage qu’il n’avait pas peur de lui, qu’il était le dominant plutôt que le dominé.
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