Harley-Davidson surprend avec sa moto électrique
Harley-Davidson a déstabilisé ses fans de la première heure avec son prototype de moto électrique, hier, à Montréal.
«Moi, un bicycle, si ça fait pas un vrai bruit, ce n’est pas un bicycle», tranche Walter Gauthier.
Ce «biker» de 65 ans, barbu, lunettes vissées sur sa casquette, a essayé hier le projet 100% électrique de sa marque préférée. Le modèle LiveWire est actuellement en démonstration au Salon de la moto au Palais des congrès. Le son du moteur ressemble à celui d’une turbine d’avion, bien plus aigu que le grondement caractéristique d’une Harley.
La marque ignore si elle commercialisera ce modèle un jour et à quel prix. Mais Walter Gauthier ne l’achètera pas. Le moteur ne fait pas assez de bruit à son goût.
«C’est important pour moi. Je prends deux ou trois tickets par an, mais ça m’a sauvé la vie deux fois, en faisant fuir des chevreuils», se souvient-il.
Quant à son allure de moto sportive, «c’est pas mon style, je suis plus rock’n’roll», dit-il.
FAIBLE AUTONOMIE
Les traditionalistes de HarleyDavidson sont peut-être surpris par ce prototype écologique. Mais «c’est exactement pour ça que nous travaillons dessus, pour montrer le côté innovateur de Harley-Davidson», répond Yvon Carvalho, technicien de laboratoire pour le fabricant américain.
La firme planche sur ce modèle depuis 2010. Capable de rouler à plus de 150km/h, deux fois plus légère et dotée d’une meilleure accélération que la plupart des autres Harley, la LiveWire reste actuellement limitée à 100 km d’autonomie. Il faut ensuite recharger le moteur pendant trois heures. Difficile d’envisager une longue promenade le samedi après-midi dans ces conditions.
«On ne vise pas notre public habituel, mais des gens plus citadins», admet M.Carvalho.
SUR UN JET
Patrick Darby, 52 ans, est venu de Chambly pour tester la bête, et s’est montré quant à lui emballé.
«C’est excellent, c’est comme si on “ridait” sur un jet. Tant qu’à y aller futuriste, autant ne pas le faire à moitié», lance-t-il.
Serait-il prêt à l’acheter pour autant? «Pas avec l’autonomie actuelle», nuance-t-il.
Même chose chez James Lindsay, 45 ans, qui roule en Harley depuis 2003. «J’aime la technologie, ça m’a agréablement surpris. Mais 100 km, ce n’est pas assez.»
Jean-François Phaneuf, du soutien technique de Harley-Davidson, a entendu beaucoup de clients lui parler de ce problème. «Je pense qu’à 300km d’autonomie, on sera bon», assure-t-il.