Paul Houde refait le vol tragique
Il voyage d’Amsterdam à Kuala lumpur sur la malaysia Airlines pour comprendre
l’animateur paul houde, un passionné d’aviation, a vécu une expérience pour le moins inusitée: il a refait samedi dernier le trajet Amsterdam- Kuala lumpur qu’avait entrepris le vol fatidique mh17 de la malaysia Airlines, le 17 juillet dernier.
Ce n’est pas par morbidité que Paul Houde a entrepris ce périple. Comme tant d’autres, il a été secoué par la tragédie et il a voulu comprendre, tenter de se mettre à la place de ces victimes.
Il a voulu se replonger dans le contexte où se sont précisément trouvés l es 298 passagers qui ont péri dans l’écrasement de leur appareil, touché par un missile dans les cieux de l’Ukraine. «J’ai revécu, minute par minute, ce que les passagers ont vécu durant l eur vol. Je voulais avoir le feeling à bord d’un avion de Malaysia Airlines » , a expliqué l’animateur hier, quelques heures après la fin de son périple.
SÉCURITÉ ACCRUE
Le vol, rebaptisé MH19 – comme dans le cas de l’autre tragédie de Malaysia Airlines, le numéro de vol a été changé –, était pratiquement une copie conforme du MH17: départ du même aéroport, Amsterdam, même heure, midi, même porte, F9, même terminal, le numéro 3, et même type d’appareil de l a série Boeing 777-200.
« De l’embarquement au débarquement, j’ai fait probablement les mêmes gestes qu’ont faits les passagers du MH17, prendre le premier repas après une heure et demie de vol, se dégourdir les jambes, lire un peu. C’était un peu surréaliste de refaire la même chose à mon tour», a-t-il évoqué.
La sécurité était accrue à l’embarquement comme durant le vol, ce qui a compliqué la tâche de Paul Houde pour documenter son aventure en photos et vidéos. Il a d’ailleurs dû supprimer une partie de son matériel à la demande du chef de cabine.
« On m’a demandé à trois reprises si j’étais reporter, a dit l’animateur. Je me suis identifié comme un fanatique d’aviation. C’est vrai, j’aurais voulu être pilote de ligne quand j’étais jeune. Il faut être fou pour faire ce que j’ai fait! J’ai volé 40 heures sur un voyage de 94 heures.» Parti de Montréal vendredi, il est revenu au bercail mardi soir.
Même s’il s’agissait du premier vol Amsterdam-Kuala Lumpur depuis la tragédie, les opérations habituelles se sont déroulées normalement, ou presque, avec la même rigueur et le même souci de qualité. « J’ai senti le personnel non pas nerveux, mais forcément ébranlé. Étonnamment, le vol était complet, il y avait des familles, pas de nervosité chez les passagers. Certains se sont fait photographier devant l’appareil, à la porte d’embarquement, mais c’est tout.»
Paul Houde a carrément abordé le délicat sujet du vol MH17 avec une agente de bord. Elle lui a confié que tout le person- nel avait reçu la consigne de ne pas évoquer la tragédie du 17 juillet pendant les annonces du vol.
PROFESSIONNALISME
« Mais cette femme a ajouté qu’elle avait perdu 40, oui, 40 de ses collègues lors des deux écrasements de la Malaysia Airlines, le vol MH370, disparu en mer, et le MH17. J’ai été impressionné par son professionnalisme: reprendre le travail après une telle perte.»
Méticuleux, il a tenu un journal de bord minute par minute, étudié le plan de vol du MH19, qui a suivi un trajet légèrement plus au sud que l’avait fait le MH17. «On remarque que deux heures et demie après le décollage, au moment de l’accident, ils étaient au- dessus de la zone des combats, en Ukraine. Et, dans mon cas, après deux heures et demie de vol, nous étions à la frontière de la Roumanie et de la Bulgarie.»
Arrivé sans encombre à Kuala Lumpur, Paul Houde n’a pu s’empêcher de penser aux zones «sensibles» que son appareil avait survolées: Irak, Afghanistan, Pakistan. «Tu es dans ta cabine à 33 000 pieds dans les airs et tu te demandes si, dans certaines de ces zones, un groupe n’aurait pas des missiles à sa disposition», a-t-il dit.