Le Journal de Montreal

À quoi servent les fiducies ?

- André Boulais CPA - Fiscaliste André Boulais, CPA auditeur, CGA, D.Fisc., est membre de l’Ordre des CPA du Québec, chargé de cours en fiscalité à HEC-Montréal et ESG-UQÀM. Il est associé à un cabinet d’expert- comptable en Montérégie

Ces dernières années, nous avons entendu parler des fiducies qui sont utilisées par les gens d’affaires afin de réduire leurs impôts ou encore pour protéger certains éléments de leurs actifs ( ex. : résidence, chalet, placements, etc.). Voici un bref résumé du fonctionne­ment sur les plans fiscal et légal.

La création d’une fiducie se fait par l’apport d’un bien à ladite fiducie, habituelle­ment par donation. Les règles de fonctionne­ment de la fiducie sont régies par le Code civil du Québec. Elle constitue une entité légale ayant son propre patrimoine. Il y a trois catégories d’intervenan­ts dans une fiducie, les fiduciaire­s qui agissent comme des administra­teurs de la fiducie, les bénéficiai­res sont ceux qui ont droit aux revenus et au capital de la fiducie et, enfin, le constituan­t, qui est la personne qui désire créer la fiducie de son vivant ou lors de son décès.

FIDUCIES TESTAMENTA­IRES

Il existe deux types de fiducie. Premièreme­nt, il y a les fiducies testamenta­ires qui sont utilisées après le décès d’une personne. Le défunt doit prévoir dans son testament de léguer ses biens en fiducie au bénéfice de ses héritiers. Ce legs ne sera pas détenu directemen­t par l’héritier, mais plutôt par la fiducie pour son bénéfice. Cette façon de procéder permet de protéger les biens légués advenant que l’héritier ait des difficulté­s financière­s. En effet, le legs en fiducie fait partie d’un patrimoine distinct de son bénéficiai­re, ce qui le rend difficilem­ent accessible aux créanciers. De plus, la fiducie testamenta­ire est considérée comme un contribuab­le aux fins de l’impôt. Ainsi, les revenus générés par les biens de la fiducie testamenta­ire sont déclarés distinctem­ent de son bénéficiai­re. Actuelleme­nt, le taux d’imposition des fiducies testamenta­ires est équivalent à celui d’un particulie­r qui est un taux progressif. Le taux minimum est de 28,5 % pour atteindre un maximum de 49,97 %. Depuis le dernier budget fédéral, le taux sera uniformisé au taux maximum de 49,97 % à compter de 2016 pour un résident du Québec. Ce taux s’appliquera à toutes les fiducies testamenta­ires, même celles déjà existantes. Ainsi, il sera beau- coup moins avantageux fiscalemen­t de léguer vos biens en fiducie au moment de votre décès.

FIDUCIE ENTRE VIFS

Le deuxième type de fiducie est celle qui est créée par une personne de son vivant (appelé fiducie entre vifs). Il existe plusieurs utilisatio­ns de la fiducie entre vifs, par exemple pour protéger des actifs, répartir des revenus entre plusieurs bénéficiai­res ou pour protéger un bien au bénéfice d’une personne handicapée. Les propriétai­res de PME utilisent depuis quelques années des fiducies familiales discrétion­naires. Ce type de fiducie sert à détenir des actions de leur société exploitant­e afin de leur permettre de protéger la valeur de ces actions des créanciers ou de répartir les revenus de dividendes entre les membres de la famille ( conjoint, enfants majeurs, parents, beaux-parents et autres). Cette répartitio­n de revenu entre plusieurs membres de la famille ayant moins de revenus que le propriétai­re de l’entreprise permet des économies d’impôt importante­s. Ces fiducies permettent également de répartir le gain en capital lors de la vente des actions et, dans certains cas, de bénéficier plusieurs fois de l’exemption du gain en capital qui est actuelleme­nt de 800 000 $ par personne.

Ce type de fiducie est utilisé lorsque l’entreprise génère des bénéfices intéressan­ts et que plusieurs membres de la famille ont un revenu peu élevé comme des enfants majeurs aux études.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada