Attention aux coupes en santé
Les coupes budgétaires en santé et en services sociaux peuvent avoir de graves conséquences sur la santé d’une population, selon une étude de l’Université d’Oxford, en Angleterre.
Deux stratégies principales peuvent diminuer les déficits à court terme: réduire les dépenses et augmenter les revenus. Une équipe de l’Université d’Oxford a évalué les conséquences que la crise financière en Grèce a provoquées sur les services de santé et les services sociaux suite aux compressions financières importantes de 2009 à 2012.
Les programmes de prévention et de traitement contre les toxicomanies ont fait face à de très larges coupes au moment où les besoins augmentaient à cause de la récession économique. Au cours de la première année d’austérité, un tiers des programmes a été coupé en dépit d’une augmentation documentée dans la prévalence de l’util i sation de l ’ héroïne. En même temps, le nombre de seringues et de condoms distribués aux toxicomanes a diminué de 10 et 24 % respectivement. Ces diminutions ont eu pour effet d’augmenter les infections au VIH de 15 en 2009 à 484 en 2012 et l’incidence de tuberculose a plus que doublé dans cette population.
Comparé à 2007, un nombre significatif de gens a rapporté ne pas avoir été capable de satisfaire à leurs besoins médicaux en 2011 et ceci particulièrement pour les personnes âgées.
SANTÉ MENTALE
Même si les politiques adoptées ont amélioré l’économie, les compressions budgétaires ont eu des effets économiques négatifs sur la santé à cause de l’augmentation importante du chômage et de la détérioration des facteurs socioéconomiques. Ainsi, les services de santé mentale ont été sérieusement affectés: arrêt des projets de développement, fermeture de centres ou diminution du personnel. Les subventions faites par l’État ont diminué de 20 % entre 2010 et 2011 et par un autre 55 % entre 2011 et 2012, ce qui eut pour effet une augmentation de 120 % des problèmes de santé mentale. La prévalence de la dépression est passée de 3,3 % en 2008 à 8,2 % en
« Espérons que l’austérité annoncée par le nouveau gouvernement tiendra compte de
cette étude (...) »
2011, les tentatives de suicide ont augmenté de 36 % entre 2009 et 2011 et les suicides ont augmenté de 45 % entre 2007 et 2011.
Les mesures d’austérité en Grèce ont aussi eu des effets sur la santé des enfants à cause de la diminution des revenus de la famille et du chômage des parents. La proportion des enfants à risque de pauvreté a subi une augmentation notable de même que la malnutrition, les bébés de petit poids et la mortalité néo et post-néonatale.
La population grecque a été sujette à un des programmes les plus radicaux de compressions budgétaires qui ont affecté la santé de la population. Évidemment, la Grèce avait besoin d’une réforme profonde à cause de la corruption étendue, du patronage et de l’inefficacité du système. D’autres réponses à la crise auraient permis à la Grèce de poursuivre des réformes struc- turales difficiles tout en prévenant des conséquences sociales dévastatrices.
D’autres pays, comme l’Islande et la Finlande, ont survécu à des crises financières, ce qui suggère qu’en allouant les budgets à la santé et aux services sociaux et en concentrant les coupes ailleurs, les gouvernements peuvent compenser les effets dévastateurs sur la santé de leur population, incluant les enfants, les adultes et les personnes âgées. Espérons que l’austérité annoncée par le nouveau gouvernement tiendra compte de cette étude et ne permettra pas de répéter les mêmes erreurs.