Les dérives qui touchent la maladie mentale
Dans les médias ainsi que dans la vie courante, on fait souvent un usage abusif du mot « schizophrène », et ça me chagrine chaque fois que je l’entends. De la même façon que l’on ne dit pas « un cancéreux », on ne devrait jamais dire « un schizophrène », mais plutôt une « personne atteinte (ou souffrant) de schizophrénie ». Car ces gens sont avant tout des personnes avec une personnalité et des caractéristiques propres, et ne sont pas qu’une maladie sur deux pattes.
Depuis plusieurs années je connaissais une personne qui souffrait de cette maladie et qui avait toujours bien vécu avec les effets secondaires de la médication qu’elle prenait avec assiduité. Elle était infiniment plus qu’une schizophrène. Elle était aussi une mère fière et aimante de ses trois enfants, une voisine amicale, une fille de parents tout aussi fiers d’elle, une amoureuse, une cliente appréciée dans les commerces alentours, une locataire autonome, une tante et même une grand-mère de deux petits-enfants, en plus d’avoir été une excellente employée ainsi qu’une femme mariée. Elle aimait son prochain, elle était généreuse, joyeuse, candide, drôle et se souvenait des dates et des heures d’évènements importants avec une précision redoutable. Elle était plus heureuse et certainement plus positive que bien des gens autour de nous.
Et bien voyez-vous cette femme, c’était ma mère. Elle est décédée, seule chez elle à 65 ans, après que le personnel du CLSC qui la visitait tous les jours depuis plusieurs mois pour traiter son glaucome se soit cogné le nez à sa porte durant cinq jours consécutifs sans penser communiquer avec le 911 ou encore avec sa famille comme le protocole l’exige.
Nous devrions mieux prendre soin de toutes les personnes, les respecter davantage et cesser de les restreindre à une appellation se limitant au nom d’une maladie (physique ou mentale). « Je t’aime chère maman Nicole et je défendrai toujours ta cause en même temps que celle de tes semblables. » J’en profite aussi pour féliciter Bell pour sa campagne « On cause pour la cause » Ta fille Patricia
Je comprends qu’on puisse ressentir une certaine frustration quand on voit un des siens ne pas être reconnu à sa juste valeur par une identification qui ne fait référence pour le désigner qu’à une tare qui handicape sa vie. Par contre je vous objecterai que plus on identifiera les problèmes affectant la vie de certaines personnes, plus nombreuses seront les campagnes comme celle de Bell qui visent à sortir du placard des gens en énorme besoin d’aide.