Le Journal de Montreal

Le cri du coeur des brigadiers

Les conducteur­s se moquent de leur présence près des écoles, déplore CAA

- Isabelle Maher lI Maher JDM

Les parents ont-ils raison de ne pas laisser leurs enfants se déplacer librement ? Les brigadiers dont le rôle est d’assurer leur sécurité sur la rue en ont long à dire sur le sujet. Selon une étude de l’INRS, les automobili­stes trop pressés prennent des risques. Les pires conducteur­s ? Les parents !

Ils se font bousculer, insulter, les voitures les frôlent, des cyclistes leur font des doigts d’honneur...

Les brigadiers sont aux premières loges des manoeuvres douteuses de certains automobili­stes, parfois au péril de leur vie.

«Je dois me faire frôler par au moins une voiture à tous les jours», raconte une brigadière qui a participé à une étude menée par l’Institut national de la recherche scientifiq­ue (INRS).

« LES PARENTS SONT PIRES »

Dans le cadre de cette enquête dont le rapport sera publié au printemps, 350 brigadiers de la région de Montréal ont répondu à un questionna­ire et 75 ont participé à des groupes de discussion.

Selon les brigadiers interrogés, il y a de plus en plus de circulatio­n, affirment 69% d’entre eux et un sur deux juge qu’elle est devenue difficile à contrôler.

«J’en ai vu des autos passer sur la rouge! Les cyclistes ne respectent rien… Les parents sont pires», affirme un autre brigadier lors de l’étude menée par la chercheure Marie-Soleil Cloutier.

«Nous n’avons pas interrogé les chialeux de service puisque 98% d’entre eux déclarent qu’ils adorent leur travail», plaide l’auteure de l’étude.

Comment expliquer que les parents soient perçus par les brigadiers comme les pires conducteur­s?

«J’ai de la misère à l’expliquer, ça me dépasse un peu. Pas certaine qu’ils sont conscients qu’ils font partie du problème » , croit la spécialist­e en sécurité routière.

RALENTISSE­Z !

«Des parents déposent leur enfant à l’école, parfois n’importe où, puis repartent en trombe. Pour les enfants des autres et leur sécurité, on repassera » , dénonce Philippe StPierre, responsabl­e des communicat­ions au CAA Québec.

L’organisme a organisé de nombreuses opérations de sécurité aux abords des écoles et recueilli les témoignage­s de plusieurs brigadiers.

«Une brigadière s’est fait reprocher de ralentir la circulatio­n parce que les gens étaient obligés de faire leur arrêt, raconte monsieur St-Pierre. Une autre a dû prendre des enfants dans ses bras parce que les voitures passaient trop près. Certains nous disaient: “On protège vos enfants... ralentisse­z!”»

«Les gens ne font pas leur stop, c’est un coin dangereux», confie Johanne Varin, brigadière depuis 13 ans à St-Lambert, une banlieue pourtant paisible de Montréal. « Les conducteur­s sont tellement pressés. Ceux qui foncent sur moi se justifient en me disant que les enfants ont traversé. Je leur réponds: “Oui, mais pas moi!” » raconte la dame qui s’est fait frapper par un automobili­ste en octobre 2011.

 ?? PHOTO ISABELLE MAHER ?? « Les automobili­stes qui foncent sur moi se justifient en me disant que les enfants ont traversé. Je leur réponds: Oui, mais pas moi ! », rapporte Johanne Varin, une brigadière frappée en plein travail par un automobili­ste en 2011.
PHOTO ISABELLE MAHER « Les automobili­stes qui foncent sur moi se justifient en me disant que les enfants ont traversé. Je leur réponds: Oui, mais pas moi ! », rapporte Johanne Varin, une brigadière frappée en plein travail par un automobili­ste en 2011.
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