Le cri du coeur des brigadiers
Les conducteurs se moquent de leur présence près des écoles, déplore CAA
Les parents ont-ils raison de ne pas laisser leurs enfants se déplacer librement ? Les brigadiers dont le rôle est d’assurer leur sécurité sur la rue en ont long à dire sur le sujet. Selon une étude de l’INRS, les automobilistes trop pressés prennent des risques. Les pires conducteurs ? Les parents !
Ils se font bousculer, insulter, les voitures les frôlent, des cyclistes leur font des doigts d’honneur...
Les brigadiers sont aux premières loges des manoeuvres douteuses de certains automobilistes, parfois au péril de leur vie.
«Je dois me faire frôler par au moins une voiture à tous les jours», raconte une brigadière qui a participé à une étude menée par l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
« LES PARENTS SONT PIRES »
Dans le cadre de cette enquête dont le rapport sera publié au printemps, 350 brigadiers de la région de Montréal ont répondu à un questionnaire et 75 ont participé à des groupes de discussion.
Selon les brigadiers interrogés, il y a de plus en plus de circulation, affirment 69% d’entre eux et un sur deux juge qu’elle est devenue difficile à contrôler.
«J’en ai vu des autos passer sur la rouge! Les cyclistes ne respectent rien… Les parents sont pires», affirme un autre brigadier lors de l’étude menée par la chercheure Marie-Soleil Cloutier.
«Nous n’avons pas interrogé les chialeux de service puisque 98% d’entre eux déclarent qu’ils adorent leur travail», plaide l’auteure de l’étude.
Comment expliquer que les parents soient perçus par les brigadiers comme les pires conducteurs?
«J’ai de la misère à l’expliquer, ça me dépasse un peu. Pas certaine qu’ils sont conscients qu’ils font partie du problème » , croit la spécialiste en sécurité routière.
RALENTISSEZ !
«Des parents déposent leur enfant à l’école, parfois n’importe où, puis repartent en trombe. Pour les enfants des autres et leur sécurité, on repassera » , dénonce Philippe StPierre, responsable des communications au CAA Québec.
L’organisme a organisé de nombreuses opérations de sécurité aux abords des écoles et recueilli les témoignages de plusieurs brigadiers.
«Une brigadière s’est fait reprocher de ralentir la circulation parce que les gens étaient obligés de faire leur arrêt, raconte monsieur St-Pierre. Une autre a dû prendre des enfants dans ses bras parce que les voitures passaient trop près. Certains nous disaient: “On protège vos enfants... ralentissez!”»
«Les gens ne font pas leur stop, c’est un coin dangereux», confie Johanne Varin, brigadière depuis 13 ans à St-Lambert, une banlieue pourtant paisible de Montréal. « Les conducteurs sont tellement pressés. Ceux qui foncent sur moi se justifient en me disant que les enfants ont traversé. Je leur réponds: “Oui, mais pas moi!” » raconte la dame qui s’est fait frapper par un automobiliste en octobre 2011.