Le Journal de Montreal - Weekend
Là fois où le président des États-Unis aurait pu être d’origine québécoise
En 2008, Mike Gravel a été candidat à l’investiture du Parti démocrate, croisant le fer lors des débats télévisés avec de grosses pointures comme Barack Obama et Hillary Clinton. Bien avant cette élection historique, il avait été sénateur de l’Alaska de 1969 à 1981.
Maurice Robert Gravel, alias Mike Gravel, est né le 13 mai
1930 à Springfield dans l’État du Massachusetts dans une famille canadienne-française.
Ses parents, Alphonse Alfred Gravel (1895-1966), né à Sorel, et Marie Delia Bourassa (1901-1974), née à Saint-Ours, s’étaient mariés en 1925 dans ce p’tit Canada du Massachusetts, situé à 150 km à l’ouest de Boston.
« Mon père, Alphonse, a reçu une éducation très modeste au Québec, où la culture agraire catholique nécessitait des familles nombreuses. On s’attendait très tôt à ce que les enfants contribuent au bien-être économique de la cellule familiale. Mes frères et soeurs et moi devons notre éthique de travail à l’incitation de notre père et à son adhésion à cette culture canadienne. »
Ses frères s’appelaient Lionel et Bernard, ses soeurs Marguerite et Marie. « Ma mère, Maria, également originaire du Canada français, avait la chance d’avoir fait des études secondaires et, avec beaucoup de fierté et de sacrifices, elle était déterminée à ce que ses enfants reçoivent une bonne éducation. »
Jusqu’à l’âge de 7 ans, Mike n’a parlé que français. Comme Jack Kerouac. Et il a parlé français toute sa vie avec sa mère. Comme le vieux beatnik.
ALASKA
Pas très bon à l’école, Gravel s’enrôle à 18 ans dans l’armée.
Après 36 métiers, dont celui de chauffeur de taxi et de serre-frein, il part en Alaska en 1956, avant que ce territoire ne devienne le 49e État américain en 1959. Après quelques échecs financiers, il est élu à la Chambre des représentants en 1963, puis il devient sénateur en 1969.
En 1971, il s’est fait connaître en lisant, au Congrès, les « papiers du Pentagone », un document secret de 7000 pages contredisant à peu près tout ce que les gouvernements américains successifs avaient dit depuis le début de la guerre du Vietnam.
Plutôt progressiste, il était pro-choix, en faveur du mariage gai et croyait au réchauffement de la planète.
Après sa carrière politique, il est retourné aux affaires sans trop de succès. À la fin de sa vie, il s’est lancé dans l’industrie du pot, certains États l’ayant légalisé bien avant notre Justin.
Il est mort le 26 juin 2021 en Californie.