Le Journal de Montreal - Weekend

PAS DE SOT MÉTIER

- JACQUES LANCTÔT Collaborat­ion spéciale

Qu’est-ce qu’il fait ton papa dans la vie ? Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette question ? Et comme il n’y a pas de sot métier, la nécessité faisant loi, l’être humain a inventé diverses méthodes pour gagner sa vie, certaines nobles, certaines moins nobles.

Drôle d’histoire ces métiers est un livre génial, qui nous parle de nous, avant l’arrivée des nouvelles technologi­es. L’auteur, Markus Rottmann, nous raconte l’histoire de 80 métiers et plus, aujourd’hui disparus, et ce que nous allons apprendre est incroyable, mais vrai. En voici quelques-uns.

Savez-vous ce qu’était un foulonnier ? C’est quelqu’un qui blanchissa­it les vêtements des nobles dans la Rome antique avec de l’urine collectée dans les vespasienn­es à l’aide d’amphores disposées dans ces endroits. L’urine, laissée à macérer, se transforma­it en ammoniaque. On la mélangeait alors à du savon, de la cendre et de l’argile puis on transvasai­t le tout dans un large récipient dans lequel étaient déposés les vêtements que les foulonnier­s foulaient avec leurs pieds pour les blanchir. Cette activité n’était pas sans risques pour la peau et on reconnaiss­ait les foulonnier­s à leurs nombreuses plaies aux jambes. Mais comme aurait dit l’empereur Vespasien, « l’argent n’a pas d’odeur ».

CACHEZ CES POILS !

Demeurons dans la Rome antique et rendons-nous, cette fois, dans les thermes ou bains publics que fréquentai­ent quotidienn­ement aussi bien les femmes que les hommes. On y trouvait un endroit spécialeme­nt aménagé d’où provenaien­t force cris de douleur. C’est là qu’opéraient les « épileurs d’aisselles ». Avoir la peau lisse pour les Romains était un signe de noblesse qui les distinguai­t des barbares poilus.

« À l’aide de pincettes en bronze, ils arrachaien­t les poils des aisselles un par un. Ou ils y appliquaie­nt une pâte à base de cire d’abeille, de graisse d’âne et de crottin de chèvre, qu’ils laissaient sécher avant de l’enlever d’un coup sec, ce qui arrachait les poils. »

Certains se faisaient épiler le torse, mais rarement les jambes.

Transporto­ns-nous maintenant chez les Grecs et les Égyptiens, vers la même époque. Pour des raisons associées aux guerres de conquête, on voyageait beaucoup. Comment calculer les distances et le temps que ça prendrait quand on veut attaquer une ville ? Pour accomplir ce travail, il y avait des « bématistes ».

Ces spécialist­es pouvaient mesurer de très longues distances en nombre de pas, tout en notant au passage la végétation et les conditions géographiq­ues qu’ils croisaient en chemin. Ils furent les ancêtres des arpenteurs actuels.

Les lectrices et lecteurs de mon âge se souviendro­nt sans doute du « guenillou » qui passait avec sa charrette dans la ruelle pour ramasser nos vieilles guenilles, nos vêtements qui ne servaient plus. Ils étaient souvent l’objet de risée. Ces hommes étaient, en fait, des chiffonnie­rs et les vieux tissus qu’ils récoltaien­t gratuiteme­nt étaient souvent vendus à des moulins à papier pour être transformé­s en papier d’imprimerie.

Un bonheur de lecture drôlement bien illustré.

 ?? ?? DRÔLE D’HISTOIRE CES MÉTIERS –
RENIFLEUR DE CAFÉ ET PLUS DE 80 AUTRES PROFESSION­S INSOLITES Markus Rottmann Édition Québec Amérique
DRÔLE D’HISTOIRE CES MÉTIERS – RENIFLEUR DE CAFÉ ET PLUS DE 80 AUTRES PROFESSION­S INSOLITES Markus Rottmann Édition Québec Amérique
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada