Le Journal de Montreal - Weekend
PAS DE SOT MÉTIER
Qu’est-ce qu’il fait ton papa dans la vie ? Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette question ? Et comme il n’y a pas de sot métier, la nécessité faisant loi, l’être humain a inventé diverses méthodes pour gagner sa vie, certaines nobles, certaines moins nobles.
Drôle d’histoire ces métiers est un livre génial, qui nous parle de nous, avant l’arrivée des nouvelles technologies. L’auteur, Markus Rottmann, nous raconte l’histoire de 80 métiers et plus, aujourd’hui disparus, et ce que nous allons apprendre est incroyable, mais vrai. En voici quelques-uns.
Savez-vous ce qu’était un foulonnier ? C’est quelqu’un qui blanchissait les vêtements des nobles dans la Rome antique avec de l’urine collectée dans les vespasiennes à l’aide d’amphores disposées dans ces endroits. L’urine, laissée à macérer, se transformait en ammoniaque. On la mélangeait alors à du savon, de la cendre et de l’argile puis on transvasait le tout dans un large récipient dans lequel étaient déposés les vêtements que les foulonniers foulaient avec leurs pieds pour les blanchir. Cette activité n’était pas sans risques pour la peau et on reconnaissait les foulonniers à leurs nombreuses plaies aux jambes. Mais comme aurait dit l’empereur Vespasien, « l’argent n’a pas d’odeur ».
CACHEZ CES POILS !
Demeurons dans la Rome antique et rendons-nous, cette fois, dans les thermes ou bains publics que fréquentaient quotidiennement aussi bien les femmes que les hommes. On y trouvait un endroit spécialement aménagé d’où provenaient force cris de douleur. C’est là qu’opéraient les « épileurs d’aisselles ». Avoir la peau lisse pour les Romains était un signe de noblesse qui les distinguait des barbares poilus.
« À l’aide de pincettes en bronze, ils arrachaient les poils des aisselles un par un. Ou ils y appliquaient une pâte à base de cire d’abeille, de graisse d’âne et de crottin de chèvre, qu’ils laissaient sécher avant de l’enlever d’un coup sec, ce qui arrachait les poils. »
Certains se faisaient épiler le torse, mais rarement les jambes.
Transportons-nous maintenant chez les Grecs et les Égyptiens, vers la même époque. Pour des raisons associées aux guerres de conquête, on voyageait beaucoup. Comment calculer les distances et le temps que ça prendrait quand on veut attaquer une ville ? Pour accomplir ce travail, il y avait des « bématistes ».
Ces spécialistes pouvaient mesurer de très longues distances en nombre de pas, tout en notant au passage la végétation et les conditions géographiques qu’ils croisaient en chemin. Ils furent les ancêtres des arpenteurs actuels.
Les lectrices et lecteurs de mon âge se souviendront sans doute du « guenillou » qui passait avec sa charrette dans la ruelle pour ramasser nos vieilles guenilles, nos vêtements qui ne servaient plus. Ils étaient souvent l’objet de risée. Ces hommes étaient, en fait, des chiffonniers et les vieux tissus qu’ils récoltaient gratuitement étaient souvent vendus à des moulins à papier pour être transformés en papier d’imprimerie.
Un bonheur de lecture drôlement bien illustré.