Le Journal de Montreal - Weekend

ÉTONNANTES DÉCOUVERTE­S

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Garde-forestier, vulgarisat­eur écologiste hors pair et auteur du livre à succès La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben propose une incursion sensible et bien documentée dans les liens qui unissent les humains et la forêt dans son nouveau livre. Ce que nous enseigne la forêt est un ouvrage captivant dans lequel l’auteur allemand à succès partage des découverte­s étonnantes sur la botanique et le milieu forestier.

Preuves scientifiq­ues à l’appui, Peter Wohlleben détaille toutes les subtilités du lien entre l’humain et la forêt dans ce nouvel ouvrage qui donne vraiment envie de faire un bain de forêt pour se reconnecte­r à nos sens et à la nature.

Évidemment, il parle de shinrin-yoku, ce concept mis de l’avant par le scientifiq­ue japonais Qing Li, qui consiste à passer du temps au milieu des arbres, faire appel à tous ses sens, de façon à profiter des bienfaits de la forêt sur le corps et l’esprit.

La nature est pleine de surprises et les études scientifiq­ues le démontrent toujours. L’auteur, au fil du livre, parle des plantes qui « entendent », de la capacité de certains animaux à sentir les champs électrique­s, du rôle des grandes forêts sur la régulation du climat terrestre, et bien d’autres sujets fascinants.

En entrevue par courriel, Peter Wohlleben explique qu’il est important que les gens se reconnecte­nt avec la nature. « Pour la protéger, il faut la comprendre. Surtout, nous devons réaliser que nous faisons encore partie de la nature. En la protégeant, nous nous protégeons d’abord et avant tout. »

Dans son livre, il souligne des découverte­s très étonnantes.

« Personnell­ement, ce qui m’a surpris le plus, c’était d’apprendre que plusieurs mammifères ne voient pas la couleur rouge et que, selon leur culture, nos ancêtres ne pouvaient pas physiqueme­nt percevoir la couleur bleue, parce que ce mot n’existait pas. Les Grecs, par exemple, disaient que la mer avait la couleur du vin. Cela démontre à quel point le langage est important dans notre lien à la nature. »

UNE MERVEILLE ÉCOLOGIQUE

Peter Wohlleben explique qu’au fil des ans et des informatio­ns accumulées, sa perception a beaucoup changé.

« Je voyais la forêt comme une collection d’arbres avec quelques animaux au travers. Maintenant, je sais que la forêt est une merveille écologique qui abrite des dizaines de milliers d’espèces qui interagiss­ent toutes entre elles. »

« Comment exactement cela se passe et ce dont la forêt est capable en termes de communauté est quelque chose que nous ne comprendro­ns peut-être jamais complèteme­nt. »

En ce moment, l’auteur est très impression­né par la façon dont les forêts forment leur propre climat.

« Si elles sont assez vastes et pas trop touchées par les humains, elles abaissent la températur­e de 10 degrés pendant les chaudes journées d’été. En plus, elles forment des nuages de pluie, de façon à ce qu’il pleuve davantage sur les forêts naturelles que sur les régions dépourvues d’arbres. »

Interrogé sur ce que la société devrait retenir de la pandémie, il dit ceci :

« Nous devrions avoir compris que nous faisons encore partie de la nature et que nous ne pouvons pas la contrôler complèteme­nt. La pandémie nous montre plutôt que nous devrions être plus respectueu­x à la fois des autres personnes et de notre environnem­ent. »

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