Le Journal de Montreal - Weekend

LA MAGIE DU CINÉMA... MALGRÉ TOUT

En pleine épidémie de coronaviru­s, le directeur général des cinémas Beaubien, du Parc et du Musée, Mario Fortin, plonge dans ses souvenirs de grand écran…

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Tout d’abord comment vivez-vous l’épidémie de COVID-19 ?

La première chose à laquelle on pense n’est pas l’argent. C’est de sécuriser nos clients et nos employés. À l’époque, lorsque nous avons pris la décision de fermer, nous n’avions aucune idée de la durée. Il faut aussi sécuriser la mécanique, la nourriture périssable… Toute cette mécanique nous occupe beaucoup et on n’a pas le temps de penser à quoi que ce soit d’autre. Après, la deuxième étape, extrêmemen­t dure, c’est le moment le plus dur de ma carrière, a été de mettre au chômage temporaire­ment les 39 employés. Prendre cette décision et vérifier avec tous qu’ils vont s’en sortir, leur expliquer les manières de faire, car pour plusieurs, il s’agissait de leur première expérience de demande à l’assurance-emploi. Et 90 % de nos employés sont de jeunes étudiants sans beaucoup d’heures… Il y a aussi des étudiants qui viennent de l’extérieur de Montréal, qui sont en colocation. Vont-ils rentrer chez eux, dans leur famille ? Que vont-ils faire pour payer leur loyer ?… Ce bout-là a été extrêmemen­t difficile à passer. À côté, on regarde la situation pour garder les cinémas en vie. Dans tous les cas, notre trésorerie nous permet de payer Hydro, de durer quelques mois. En même temps qu’on fait tout ça, il faut penser à l’après et à tous les impacts. Que vont faire tous les distribute­urs ? Comment va se passer la reprise ? Ce ne sera plus la normale qu’on avait avant. On se pose vraiment un tourbillon de questions auxquelles on n’a pas les réponses.

Que peut faire le public en soutien aux cinémas ?

Pour l’instant, il n’y a pas grandchose à faire. C’est sûr que les gens peuvent aller sur nos sites et acheter des chèques-cadeaux pour nous dire qu’ils nous font confiance maintenant, et qu’ils seront là quand nous reviendron­s.

Quel est votre premier souvenir d’une salle de cinéma ?

C’était au cinéma Montcalm sur la rue Masson, près de Saint-Michel. Il s’agissait probableme­nt d’un film mexicain… l’histoire d’un lion ! Non, j’ai plus vieux que ça. J’avais sept ou huit ans, c’était dans un sous-sol d’église. Mais je n’ai pas regardé le film, j’ai regardé le projecteur.

Quel a été votre premier film marquant ?

Il y en a plusieurs, mais celui auquel est associé un souvenir particulie­r est La montagne sacrée d’Alejandro Jodorowsky. C’est le premier film que je suis allé voir avec celle qui est devenue ma femme. Nous sommes toujours ensemble, 47 ans plus tard. C’était spécial comme première sortie !

La trame sonore qui a bercé votre adolescenc­e ?

J’étais un peu plus vieux et c’était lors de ma première job dans un cinéma, au cinéma Séville, en 1973. Écouter La mélodie du bonheur trois fois par jour pendant 13 semaines… ça marque !

Si vous pouviez offrir un film à tout le monde, lequel choisiriez-vous ?

Je dirais Cinema Paradiso pour garder la magie du cinéma… Il y a un an, ce que j’ai fait avec mes petits-fils a été d’aller voir des clips des classiques de Buster Keaton et de Charlie Chaplin. Ça marche toujours. Ça permet de s’accrocher un sourire sur le visage. Ça fait du bien de ne penser à rien, d’oublier tout ce qui se passe autour. Et de voir que la magie du cinéma a commencé là et que c’est encore ça qui marche.

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PHOTO D’ARCHIVES
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La mélodie du bonheur
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La montagne sacrée
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Cinema Paradiso
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Charlie Chaplin

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