Le Journal de Montreal - Weekend
L’HOMME QUI A INVENTÉ MCDONALD’S
Non, la chaîne de restauration rapide n’est pas, au départ, une corporation anonyme. Eh oui, il y eut bel et bien des frères McDonald! Voici donc, au grand écran, la fascinante histoire de restaurant désormais baptisé McDo par ses millions de clients quot
Il est spontanément admis que Ray Kroc (Michael Keaton) est le fondateur de McDo, réécriture historique à laquelle l’homme a amplement contribué. Mais il n’en est rien et, avec Le fondateur, le cinéaste John Lee Hancock (le réalisateur de Sauvons M. Banks) a voulu aller audelà du mythe.
IL ÉTAIT UNE FOIS RAY KROC
En 1954, les États-Unis sont en plein boom économique et les habitudes de consommation se modifient. Ray Kroc est un vendeur ambulant de machines industrielles à fabriquer des milk-shakes et il peine à faire ses chiffres. Lorsqu’un petit restaurant familial de San Bernardino, en Californie, lui en commande six, il décide d’aller voir, sur place, ce qui se passe.
Il rencontre les frères Mac (John Carroll Lynch) et Dick (Nick Offerman) McDonald, qui ont développé une méthode pour servir des hamburgers, des frites et des boissons gazeuses à leurs clients à une rapidité incroyable. Kroc voit immédiatement le potentiel de développer des franchises et, de fil en aiguille, construit un empire qui, aujourd’hui, nourrit quotidiennement 1 % de la population mondiale.
«Je ne savais pratiquement rien des débuts de McDonald’s. Quand j’ai lu le scénario [de Robert Siegel], j’ai été étonné de découvrir la véritable histoire. De plus, j’ai adoré le fait qu’en commençant ma lecture, je voulais que Kroc connaisse le succès et que, vers la fin, j’étais très ambivalent par rapport à sa manière de se conduire en affaires», a expliqué le réalisateur lors de la présentation du film aux médias. «Je crois que le film sert de test de Rorschach aux spectateurs.»
Michael Keaton non plus ne savait rien ou presque de l’homme qui s’est toujours défini comme le fondateur de McDo et il a plongé avec enthousiasme et fascination dans cette oeuvre biographique.
GÉNIE OU SALAUD?
«Il était dans la cinquantaine quand il a croisé la route des McDonald. Il avait eu une vie en dents de scie, faite de hauts et de bas. Il a commencé à travailler alors qu’il était adolescent, après avoir abandonné ses études, et il a connu des années de vaches maigres et des années de vaches grasses, comme tout le monde. C’était très clair pour lui, il voulait faire de l’argent», a raconté l’acteur.
«Ce film est illustrateur du concept de libre entreprise aux États-Unis, du capitalisme tel qu’il était pratiqué à cette époque.»
«Cette histoire est le tout premier exemple du visuel d’une marque. C’est Kroc qui a créé cette image que nous avons tous en tête aujourd’hui. » John Lee Hancock a aussi souligné l’influence de Ray Kroc, et voit, dans son opposition aux frères McDonald, l’évolution du capitalisme tel qu’il est aujourd’hui. «Ce qui m’a fasciné dans Le fondateur est de réaliser à quel point le commerce et le capitalisme avaient changé. À l’époque, le modèle des McDonald dominait, c'est-à-dire qu’on avait une excellente idée, on travaillait d’arrache-pied (...), on était fier de ce qu’on faisait. L’autre côté de la médaille du capitalisme, qu’on montre un peu dans le film, n’est pas tellement d’avoir une bonne idée ou de travailler, mais surtout de rencontrer le bon investisseur et le bon banquier.» Le fondateur est à l’affiche depuis le 20 janvier.