Le Journal de Montreal - Weekend
LE PARADIS DE LA MOTO
Nous sommes trois Québécois accompagnés d’une Vietnamienne et nous avons tous trouvé le sommeil dans le train de nuit qui nous menait de Hanoï à Lao Caï, à 300 km au nord.
Sous un soleil éclatant, tout éveillés, nous sortons nos motos du train, puis révisons notre itinéraire une dernière fois autour d’un café vietnamien.
Tous les touristes présents sur le quai de la gare se dirigent vers Sapa, petite ville touristique à quelques kilomètres de là. Il semble que nous sommes les seuls à partir vers l’est. Les 800 km en montagne qui nous attendent sont, nous dit-on, un défi difficile. Défi accepté.
L’objectif de cette première journée est d’atteindre la province de Ha Giang, la dernière du pays à s’être ouverte aux étrangers. Elle est aussi la plus pauvre et la plus montagneuse.
Dès le départ, le spectacle est éblouissant. L’hiver n’est pas loin derrière, mais la nature est déjà verdoyante. Les motos ronronnent. Les vallées et les cols se succèdent.
À l’occasion, nous traversons quelques petits villages où l’on nous agite frénétiquement la main.
À l’évidence, les Occidentaux ne s’aventurent pas souvent dans la région. La nuit tombe alors que nous traversons une forêt sombre et déserte. Nous sommes exténués et nos postérieurs ont démissionné depuis déjà longtemps. Et puis, au beau milieu du petit bled perdu de Hoàng Su Phì, nous arrivons enfin au Panhou Village, une oasis irréelle, une éco-auberge où sont juchés quelques bungalows munis – nous en remercions le ciel – d’eau chaude et de lits confortables. Des chevaux se promènent librement autour des bassins de nénuphars. Nous nous endormons au son d’une forte pluie qui semble avoir attendu notre arrivée pour tomber.
ARRIVÉE
Nous reprenons la route tôt le lendemain. Nous arrivons dans la ville de Ha Giang, capitale de la province du même nom. Nous devons parcourir 50 km sur une route poussiéreuse fréquentée par de nombreux camions, dont les chauffeurs n’ont manifestement pas beaucoup d’estime pour les motos.
Enfin, nous reprenons la route de montagne et instantanément, le paysage redevient irréel.
La route sinueuse et peu fréquentée longe une rivière qui traverse de longues vallées. Puis nous remontons encore de plus belle, le chemin est de plus en plus escarpé. Une fois dans les nuages, le mercure chute abruptement.
UN ARRÊT S’IMPOSE
Alors que nous sortons chandails chauds et manteaux, nous nous retrouvons soudainement entourés de dizaines d’enfants, tous plus curieux les uns que les autres. Les cahiers à colorier et les crayons que nous avions apportés n’ont fait que des heureux.
Nous partons le coeur léger, mais le ciel s’assombrissant dangereusement, nous décidons d’accélérer la cadence. Trop peu, trop tard, c’est le déluge, et à cette hauteur, le tonnerre semble venir d’à côté et non d’en haut. La visibilité est nulle et aucun abri à l’horizon. Nous parcourons les 10 kilomètres les plus longs de notre vie pour enfin trouver un gîte où se réchauffer.
LE HUNAN CHINOIS
Après avoir passé la nuit à Tam Son, nous amorçons le tronçon le plus montagneux du voyage.
C’est ici que vivent les multiples groupes ethniques vietnamiens, à quelques kilomètres seulement du Hunan chinois. Plus de dix langues différentes sont régulièrement parlées par les Kinh, les H’Mông, les Tày, les Lô Lô et autres communautés éparpillées dans les vallées. Les rizières construites à flanc de montagne, qui ont nécessité un travail