Le Journal de Montreal - Weekend

UN SEUL PLAN-SÉQUENCE

Le cinéaste Podz vient de terminer le tournage de son prochain film, King Dave, qu’il a conçu comme un long planséquen­ce filmé directemen­t dans les rues de Montréal au milieu de la nuit. Il nous raconte cette expérience de tournage pas comme les autres.

- Maxime Demers Le Journal de Montréal

«Intense», «puissant», «émouvant» et «casse-gueule», sont quelques-uns des mots qui reviennent le plus souvent quand on discute du tournage de King Dave avec le réalisateu­r Podz, l’acteur et auteur Alexandre Goyette et la productric­e Nicole Robert.

La réalisatio­n de ce film adapté de la pièce écrite et interprété­e par Alexandre Goyette a effectivem­ent représenté un immense défi technique pour Podz et son équipe, qui ont filmé le tout en un long plan-séquence de 94 minutes, tourné sur cinq nuits.

«Tout ce qui pouvait être compliqué l’a été», admet Podz en entrevue.

«On avait un parcours de 9 km dans lequel on suivait le personnage de Dave (Alexandre Goyette) dans les rues de la ville, dans un party, dans un autobus et même dans le métro. On avait une quarantain­e de locations et plus de 300 personnes (technicien­s et figurants) qui travaillai­ent en même temps sur le plateau.»

«Coordonner tout cela était évidemment le grand défi, mais au bout du compte, le plus important était que ça n’ait pas l’air d’être un plan-séquence. Il faut que le spectateur oublie cela et se sente immergé dans l’histoire. Et d’après les réactions des gens qui ont vu les premières images, je crois qu’on a réussi.»

«EXPÉRIENCE HUMAINE»

Montée en 2005 au Théâtre Prospero, la pièce King Dave raconte la descente aux enfers de Dave, un jeune homme frondeur et insouciant qui, après avoir volé une radio de voiture, s’enfonce dans une spirale de violence. La pièce prenait la forme d’un monologue joué par Alexandre Goyette.

Podz et Alexandre Goyette ont cherché pendant longtemps la bonne façon d’adapter King Dave au cinéma. Puis un soir, autour d’un verre de bière, l’idée du plan-séquence a surgi. «Le plan-séquence nous permettait de conserver le monologue de la pièce en vivant à l’écran tout ce que raconte le personnage de Dave», indique Alexandre Goyette.

«Le film est un feu roulant. Le personnage vit quelque chose d’oppressant, de stressant et d’épuisant. Et je crois que la forme du plan-séquence reproduit bien cet état d’âme à l’écran», poursuit l’acteur.

Peu de films ont été conçus comme un seul plan-séquence. Le cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu a récemment donné cette illusion avec son film Birdman. Avant lui, le Russe Alexandre Sokourov avait réalisé un tour de force en tournant son film L’Arche russe (2002) en une seule prise.

«Comme ça n’a pas souvent été fait, on n’avait pas de référence pour le tournage et on a dû créer notre propre façon de tourner», indique Alexandre Goyette.

«Mais au-delà de l’expérience cinématogr­aphique, c’est devenu une expérience humaine. On savait tous que ce serait la seule fois dans nos vies qu’on ferait quelque chose comme cela. Quand on a coupé la dernière prise, j’avais les larmes aux yeux, et je n’étais pas le seul à pleurer», conclut l’acteur.

King Dave prendra l’affiche en 2016.

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PHOTOS COURTOISIE
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