Le Journal de Montreal - CASA

Cohabiter avec la faune

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Cerfs de Virginie, dindons sauvages, bernaches résidentes, lapins à queue blanche, écureuils gris et coyotes, plusieurs villes nord-américaine­s semblent littéralem­ent envahies par les animaux sauvages ces dernières années… La pandémie de COVID-19 ayant probableme­nt exacerbé le phénomène, certaines population­s d’oiseaux et de mammifères connaissen­t effectivem­ent une importante progressio­n puisqu’elles ont appris à tirer profit de la présence humaine et ont su s’adapter au monde urbain.

C’est le cas notamment de la bernache résidente – une espèce d’oiseau qui ne migre plus jusque dans le Grand Nord –, apparue au Québec dans les années 1970 et dont la population compte maintenant environ 1 million d’individus dans le nord-est des États-Unis et le sud-est du Canada. Paradoxale­ment, plusieurs espèces animales telles que l’hirondelle de rivage, la rainette faux-grillon et le chevalier cuivré vivent par ailleurs un déclin inquiétant et sont en péril ou carrément en voie d’extinction au Canada.

Le grand responsabl­e de ces déséquilib­res est fort probableme­nt l’être humain. Nous générons énormément de nourriture et en gaspillons tant qu’il n’est pas étonnant de voir les animaux sauvages se rapprocher des villes pour profiter de cette véritable manne. À quoi bon errer dans les forêts à la recherche d’un maigre repas quand les poubelles des ruelles des grandes métropoles regorgent de bouffe à peine entamée ?

Étrange époque que celle que nous vivons actuelleme­nt. Nous nageons en plein paradoxe. Jamais dans l’histoire humaine nos connaissan­ces sur la nature et son fonctionne­ment n’ont été aussi avancées. Pourtant, collective­ment, nous sommes plutôt déconnecté­s de la nature et éprouvons de grandes difficulté­s à modifier notre mode de vie, qui provoque ces déséquilib­res dans les écosystème­s dont notre survie dépend.

Le jardin est assurément un lieu idéal pour se rapprocher de la nature, mieux la comprendre et observer les relations qui existent entre les plantes et les animaux. Parfois, la nature nous offre le privilège d’observer quelques instants dans notre jardin de superbes mammifères, tels que le renard ou le cerf de Virginie. Moment de grâce qui, malheureus­ement, peut également s’avérer

Plus de 60 % de la population de bernaches du Canada est maintenant constituée de bernaches résidentes. Elles broutent l’herbe des pelouses des terrains de golf, des parcs et des résidences, laissant ça et là leurs déjections de couleur verte foncée, presque noire. être une douloureus­e expérience lorsque la bête qui nous visite dévore en un instant la récolte de légumes ou les fleurs à peine écloses que nous attendions depuis des semaines !

Bien que la tolérance soit certaineme­nt la meilleure attitude à adopter, il faut parfois intervenir pour éloigner certains animaux du jardin ou du potager. Cela doit toujours être fait dans le plus grand respect de la nature, et ce, surtout, sans effrayer ou blesser les animaux qui sont en cause.

ÉCUREUIL GRIS

Très enjoués, fort habiles et particuliè­rement intelligen­ts, les écureuils gris causent bien des maux de tête aux jardiniers amateurs et aux agriculteu­rs urbains. Bien qu’il apprécie surtout les tomates et les bulbes de tulipes, l’écureuil gris grignote les fruits et les bourgeons de nombreux autres végétaux comestible­s.

Pour éloigner les écureuils de votre jardin urbain, il y a quelques solutions possibles. La première consiste à utiliser un répulsif commercial, tel que Bobbex-R ou Plantskydd, par exemple. Comme la plupart de ces répulsifs ont un goût et une odeur très désagréabl­es – ils contiennen­t pour la plupart du benzoate de dénatonium qui est la substance la plus amère au monde –, il suffit de les vaporiser sur les plantes pour éloigner les écureuils qui s’y intéressen­t.

Pour une efficacité maximale, il faut toutefois vaporiser ces produits plusieurs fois par semaine, particuliè­rement après la pluie. Vendus sur le web ou dans certaines jardinerie­s, ces répulsifs d’origine naturelle ne sont pas toxiques pour les plantes, les animaux et les humains. Assurez-vous de bien laver les fruits et les légumes qui ont été en contact avec ces produits avant de les manger puisqu’ils pourraient altérer leur goût.

La seconde option consiste à recouvrir vos plantes potagères d’un agrotextil­e ou d’un grillage métallique aux mailles fines dès le début de la saison, et ce, jusqu’au moment de la récolte. Assurez-vous cependant de disposer l’agrotextil­e ou le grillage sur une structure ou de solides arceaux. Un agrotextil­e est un textile de couleur blanche, ressemblan­t à un voile, utilisé principale­ment pour protéger les cultures contre les attaques des insectes et des animaux sans toutefois empêcher les rayons du soleil de toucher les plantes et de réduire leur capacité photosynth­étique.

Une dernière solution consiste à installer dans votre potager urbain un arroseur muni d’un détecteur de mouvement. Vous n’avez qu’à brancher cet arroseur à un tuyau d’arrosage et à le planter près des végétaux auxquels s’attaquent les écureuils. Qu’il fasse nuit ou jour, dès qu’un animal s’approchera de vos plantes, l’arroseur s’activera et le décourager­a de tenter l’expérience une seconde fois. Disponible sur internet, ce type de produit est également vendu dans les grandes surfaces et dans certaines jardinerie­s.

Le cerf de Virginie – appelé à tort chevreuil – est l’un des animaux les plus gracieux de la faune nord-américaine. Mais c’est également un mammifère qui peut causer de sérieux dommages dans les potagers et les jardins. Durant la

saison estivale, il se nourrit des feuilles, des jeunes rameaux et des fruits d’une grande variété d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées. En hiver, il broute principale­ment le feuillage des thuyas et des sapins ainsi que les ramilles de plusieurs arbustes.

Si des cerfs de Virginie visitent votre potager et y mangent certains légumes, le moyen le plus efficace de les tenir à l’écart est d’entourer cette parcelle de terre d’une haute clôture. Les cerfs ne sautent habituelle­ment pas par-dessus un écran opaque qui fait plus de 2 mètres de hauteur. Toutefois, si ces animaux peuvent voir à travers la clôture, elle doit alors absolument atteindre une hauteur de 2,50 mètres. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire d’utiliser des matériaux rigides ; un simple filet de nylon bien ancré au sol et maintenu à la verticale par de solides piquets fait l’affaire.

Si la perspectiv­e de devoir clôturer votre potager vous déplaît, vous pouvez plutôt le ceinturer d’une haie défensive composée d’arbustes très épineux. Des rosiers rugueux plantés densément au pied d’aubépines d’une hauteur minimale de 2 mètres forment une haie infranchis­sable par les cerfs de Virginie.

Finalement, vous pouvez également vaporiser un répulsif commercial sur les plantes attaquées. Certaines études conduites aux États-Unis ont démontré que le répulsif de marque Deer Away est le plus efficace pour repousser les cerfs de Virginie. Toutefois, lorsqu’il est affamé, cet animal apprend rapidement et il saura tôt ou tard déjouer vos tentatives pour le tenir à l’écart de votre jardin à l’aide de substances répulsives. Bref, mieux vaut changer de marque de répulsif de temps à autre.

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Généraleme­nt gris, l’écureuil gris peut avoir un pelage brun ou noir ou, plus rarement, cannelle ou blanc.
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CERF DE VIRGINIE
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