Améliorer le français à l’école, un travail d’équipe
France Legault est conseillère pédagogique et responsable de l’équipe du RÉCIT de l’enseignement privé. Diplômée en enseignement du français au secondaire et détentrice d’une maitrise en technologie éducative, cette passionnée de la pédagogie accompagne les écoles privées dans la mise en place d’initiatives visant à améliorer la maîtrise de notre langue chez les jeunes. Nous avons discuté avec elle de pistes de solution pour améliorer l’enseignement du français dans les écoles.
Devrait-on augmenter le nombre d’heures consacrées à l’enseignement du français ?
Lors du Renouveau pédagogique, appliqué dès 2005 au secondaire, le nombre d’heures consacré à l’enseignement du français a augmenté de façon significative. Nous sommes passés de 150 à 200 heures par année pour les trois premières années du secondaire, soit 150 heures de plus au total. Cet ajout substantiel ne semble pas avoir produit les résultats attendus et il semble que l’ajout d’heures au cours de français ne va pas résoudre le problème.
Quelles autres activités peuvent aider les élèves à développer une meilleure maitrise de la langue française?
Offrir fréquemment des occasions d’écriture aux élèves est probablement une des meilleures façons d’améliorer la maitrise de la langue. Ils doivent écrire souvent, sur des sujets qui les intéressent réellement. Il apparait aussi important d’intégrer les outils numériques comme les tablettes et les ordinateurs dans ce processus, puisqu’ils font partie intégrante de nos vies. Écrire un texte est une activité complexe. On doit trouver et organiser ses idées, rédiger, réviser et se corriger. Pour y arriver rapidement et habilement, on doit s’exercer à le faire régulièrement. Il faut donc accorder du temps en classe pour permettre aux élèves d’écrire.
Ensuite, il faut amener les élèves à mieux se connaitre et à reconnaitre leurs forces et leurs défis. De nombreuses écoles, accompagnées de chercheurs, mettent présentement en place un outil afin d’amener les élèves à identifier leurs erreurs de langue. Ces données permettront aux enseignants d’accompagner les jeunes dans leurs apprentissages et de mieux corriger leurs fautes.
Comment peut-on outiller les élèves afin qu’ils développent une meilleure maitrise en écriture?
La réalité d’aujourd’hui, dans notre quotidien autant que dans celui des élèves, est que toutes les informations sont accessibles en tout temps. L’utilisation et la connaissance des outils disponibles sont probablement une clé de la maitrise du français. De plus en plus d’écoles enseignent désormais l’utilisation de dictionnaires numériques comme Usito, développé par l’Université de Sherbrooke. On observe aussi le retour à l’utilisation d’ouvrages de référence comme les grammaires en version papier. Les enseignants utilisent la même ressource durant tout le parcours de l’élève et celle-ci remplace les notes de cours. On mise donc sur la maitrise et l’utilisation de ces outils au lieu de la mémorisation.
Quels sont les moyens à mettre en place pour soutenir la maitrise de la langue parlée des élèves?
Comme pour l’écriture, les élèves doivent avoir de multiples occasions de s’exprimer pour devenir de bons communicateurs : la communication est une compétence qui se développe. On doit donc l’enseigner et l’intégrer aux activités quotidiennes. L’exposé en avant de la classe est un contexte de communication, mais il en existe de nombreux autres proposés dans le programme de formation de français. On doit varier les activités, afin de mieux outiller les élèves. Les programmes d’anglais, langue seconde, misent beaucoup sur les échanges et les discussions entre les élèves. Bien plus près de la réalité de notre quotidien, on peut s’inspirer de ces compétences pour amener les élèves à apprendre à donner leur opinion, à écouter et à relancer la discussion.
Certaines écoles mobilisent l’ensemble de leur personnel enseignant pour améliorer les compétences en lecture des élèves. Ce type d’initiative améliore-t-il les résultats des élèves ?
La lecture est une compétence importante, au coeur de la réussite des élèves. La mise en place de stratégies de lecture communes qui s’appliquent autant sur du papier que sur des tablettes, des cellulaires ou des ordinateurs semble être une voie prometteuse. Bien qu’il soit trop tôt pour mesurer les impacts de cette pratique sur les résultats des élèves, les données issues de la recherche démontrent l’impact positif d’outiller les élèves avec de stratégies de lecture polyvalentes qui dépassent le cours de français au secondaire.
Comment donner le goût de lire aux jeunes ?
Certaines écoles ont développé des systèmes de bibliothèque dans le corridor. Les bibliothèques scolaires sont par ailleurs en transformation pour devenir des lieux vivants, incluant des locaux de collaboration ou de création. Depuis la pandémie, certains enseignants ont par ailleurs pris l’habitude d’organiser des périodes de lecture à l’extérieur.
Démocratiser la lecture signifie aussi donner accès à des formats et des sujets variés, du balado au livre numérique. Sans mettre de côté les oeuvres traditionnelles, il est pertinent d’ouvrir sur différents types de lectures possibles, en laissant place aux intérêts des élèves. Donner le goût de lire, c’est aussi encourager les jeunes à lire pour le plaisir et non parce qu’ils sont obligés de le faire pour réussir un examen.
Quelles sont les recommandations que vous faites aux directions d’école qui souhaitent améliorer la qualité du français écrit et parlé de leurs élèves?
L’amélioration de la qualité du français est une responsabilité qui doit être partagée entre tous les membres du personnel. Il importe de permettre aux élèves de développer une relation positive avec cette langue qui n’est parfois pas celle parlée à la maison. Adopter des politiques de valorisation de la langue qui ne sont pas coercitives est une première voie à explorer.
Il faut aussi en faire une priorité au sein de l’école, en mettant en place des moyens communs d’accompagnement, comme la mise en place de l’enseignement de stratégies de lecture.
Finalement, il est nécessaire d’adapter les activités d’apprentissage proposées aux élèves, afin d’y intégrer, notamment, les appareils numériques.