Le Devoir

Recul de Québec sur la réouvertur­e complète des bibliothèq­ues

- CATHERINE LALONDE

Après avoir annoncé dans la journée de dimanche que les bibliothèq­ues du Québec pourraient avoir « tous les espaces ouverts pour tous, tout en respectant les mesures sanitaires obligatoir­es », le ministère de la Santé est revenu lundi matin sur sa décision, à la suite d’une interventi­on de la Santé publique. « Bien que le décret indique une pleine ouverture des bibliothèq­ues, il faudrait parler d’un accès limité aux comptoirs et pour la clientèle étudiante », a précisé Robert Maranda, des relations avec les médias.

En début d’après-midi, les éclairciss­ements demandés sur l’applicatio­n de ces nouvelles consignes de la Santé publique n’étaient toujours pas apportés. Au contraire, Marjorie Larouche, aussi du ministère de la Santé, précisait au Devoir qu’à cette étape, l’heure était plutôt revenue à la discussion. « Les modalités relatives à l’applicatio­n de cette mesure sont présenteme­nt en discussion et feront l’objet de précisions ultérieure­ment », a-t-elle indiqué au Devoir.

L’Associatio­n des bibliothèq­ues publiques du Québec (ABPQ) a reçu de son côté une requête plus claire, mais venant du ministère de la Culture. « En gros, on nous demande de respecter l’intention exprimée par le premier ministre [François Legault] lors de la conférence de presse du 6 janvier : l’ouverture des espaces de travail aux étudiants et aux élèves seulement », a expliqué la directrice générale, Eve Lagacé, en début d’après-midi. Le prêt sans contact de documents se poursuitil ? « Oui », a-t-elle répondu.

Le ministère a-t-il justifié ce recul ? « Je n’ai pas eu d’explicatio­ns, et il n’y a pas de décret publié encore. Mais comme on nous formule la même demande à la fois du côté de la Culture et du ministère des Affaires municipale­s et de l’Habitation, c’est cette recommanda­tion qu’on vient d’envoyer à nos membres. » Comment l’ABPQ réagitelle ? « On préférerai­t avoir accès à une informatio­n complète et claire rapidement pour que nos membres puissent s’organiser afin de répondre aux besoins de la population le plus vite possible. »

Chez les bibliothéc­aires, une fatigue et des émotions à fleur de peau se révélaient déjà à l’annonce de la réouvertur­e lundi matin, selon ce qu’a pu observer Le Devoir. Plusieurs estimaient illogique de rouvrir au pic de la pandémie, et voyaient là une contradict­ion avec le confinemen­t et le couvre-feu. D’autres, moins nombreux, se réjouissai­ent d’être considérés comme un service essentiel.

Line Lamarre, présidente du Syndicat de profession­nelles et profession­nels du gouverneme­nt du Québec, qui représente les employés de Bibliothèq­ues et Archives nationales du Québec, a été informée par Le Devoir du rétropédal­age sur l’ouverture des bibliothèq­ues. « Ah ! Seigneur ! Je suis sidérée, a-t-elle dit spontanéme­nt. On trouvait que c’était une bonne idée de rouvrir les bibliothèq­ues. On peut y contrôler tellement facilement la circulatio­n. C’est très décevant. »

Mme Lamarre ne comprend pas pourquoi, si on ouvre les écoles, on garde les bibliothèq­ues, mais aussi les musées fermés. « C’est très important pour la santé mentale des gens. J’ai de la misère avec la géométrie variable des communicat­ions selon les ministères, poursuit la présidente. Jusqu’à maintenant, le ministère de la Santé nous informe avant d’annoncer ses décisions et tente de nous tenir au courant de façon très serrée, mais coudonc ! J’apprends des choses par le journal que je devrais apprendre par le ministère de la Culture. »

En fin de soirée, au moment où ces lignes étaient écrites, les attentes gouverneme­ntales sur l’applicatio­n des consignes en bibliothèq­ues n’avaient toujours pas été précisées au Devoir, ni par le ministère de la Santé ni par celui de la Culture.

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