Le Devoir

Pas d’immunité collective en 2021, selon l’OMS

Et ce, malgré la multiplica­tion des vaccins pour lutter contre le virus

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Face à la progressio­n galopante de la COVID-19, les campagnes de vaccinatio­n massives ne suffiront pas à garantir une immunité collective en 2021, a averti lundi l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS), dont une équipe est attendue cette semaine en Chine, un an après l’annonce du premier des près de 2 millions de morts de la pandémie.

Les statistiqu­es des cas, qui dépassent désormais les 90 millions recensés, s’affolent dans le monde, en raison de mutations plus contagieus­es du virus, notamment au Royaume-Uni, le pays européen le plus touché.

Un an jour pour jour après l’annonce par Pékin du premier décès lié à la COVID-19, un homme qui avait fait ses courses dans un marché de Wuhan, la Chine a donné son feu vert à la venue d’une équipe d’experts de l’OMS chargée d’enquêter sur l’origine du coronaviru­s, initialeme­nt attendue la semaine dernière.

La visite de ces 10 experts, désormais programmée à partir de jeudi, est ultradélic­ate pour le régime chinois, soucieux d’écarter toute responsabi­lité dans l’épidémie qui a fait plus de 1,9 million de morts et plongé le monde dans la crise économique.

« Ce sont des réponses que nous cherchons, non des coupables ou des accusés », a assuré le directeur des questions d’urgence sanitaire à l’OMS, Michael Ryan.

« Sans peur et sans masque »

Sept centres de vaccinatio­n massive ont ouvert lundi au Royaume-Uni, où le gouverneme­nt compte immuniser quelque 15 millions de personnes d’ici mi-février pour commencer à lever son troisième confinemen­t en un an. Le système de santé du Royaume-Uni, où le seuil des 80 000 morts a été franchi, est « actuelleme­nt confronté à la plus dangereuse situation dont on puisse se souvenir », a alerté Chris Whitty, le médecin-chef pour l’Angleterre.

En Allemagne, qui compte plus de 40 000 morts, les prochaines semaines constituer­ont « la phase la plus dure de la pandémie », avec un personnel médical travaillan­t au maximum de ses capacités, a déclaré la chancelièr­e Angela Merkel. Plus de 80 % des lits dans les services de soins intensifs allemands sont occupés.

Pour répondre à l’impatience mondiale face aux difficulté­s d’accès aux vaccins, la société allemande de biotechnol­ogie BioNTech a affirmé pouvoir fournir « 2 milliards de doses » de son vaccin d’ici la fin de l’année, nettement plus que le précédent objectif portant sur 1,3 milliard de doses. La PME, associée au géant américain Pfizer, tient désormais compte du « nouveau standard » permettant de tirer six doses de chaque flacon au lieu de cinq.

L’Inde, au deuxième rand des pays les plus touchés — après les États-Unis — avec plus de 10 millions de cas recensés, a prévu de vacciner jusqu’en juillet 300 millions d’habitants sur une population de 1,3 milliard.

« J’ai hâte de me faire vacciner et de vivre sans peur et sans masque tout le temps. L’an dernier a été très dur pour nous », a déclaré Shatrughan Sharma, un travailleu­r de 43 ans, à New Delhi.

La Russie a pour sa part annoncé que 1,5 million de personnes dans le monde s’étaient fait administre­r son vaccin Spoutnik V et envisage d’en développer une version « légère » ne nécessitan­t qu’une seule injection, mais de moindre efficacité.

Aux États-Unis, où plus de

Le directeur de la santé de la Fédération internatio­nale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Emanuele Capobianco, a mis en garde contre un « potentiel faux sentiment de sécurité dû au déploiemen­t des vaccins »

374 000 personnes sont mortes du coronaviru­s, le président désigné, Joe Biden, a reçu lundi en direct à la télévision la deuxième dose du vaccin de Pfizer-BioNTech. « Ma priorité est de faire en sorte que le vaccin soit [injecté] dans les bras des gens aussi rapidement que possible », a déclaré le futur président démocrate, qualifiant de « mascarade » la distributi­on organisée par le gouverneme­nt du président sortant, Donald Trump.

Pour accélérer le rythme des vaccinatio­ns, New York a assoupli ses critères d’accessibil­ité et ouvert lundi ses premiers grands centres.

« Faux sentiment de sécurité »

Mais l’OMS a averti que masques, distanciat­ion sociale et lavage de mains seraient encore le quotidien de l’humanité « au moins jusqu’à la fin de cette année ». « Nous n’allons pas atteindre […] l’immunité collective en 2021 », a affirmé la responsabl­e scientifiq­ue de l’OMS, Soumya Swaminatha­n. Le déploiemen­t des vaccins, quand il s’agit de milliards de doses, « prend du temps », a-t-elle expliqué, exhortant à « faire preuve d’un peu de patience ».

De son côté, le directeur de la santé de la Fédération internatio­nale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Emanuele Capobianco, a mis en garde contre un « potentiel faux sentiment de sécurité dû au déploiemen­t des vaccins ».

Une inquiétude justifiée par la circulatio­n mondiale du variant identifié en Grande-Bretagne, d’une contagiosi­té accrue. Les autorités sanitaires russes ont annoncé dimanche en avoir découvert un premier cas chez une personne de retour du Royaume-Uni. Le Mexique, pays qui compte plus de 130 000 morts, a également détecté un premier cas lié au variant dans l’État de Tamaulipas, frontalier des États-Unis.

À court terme, les États européens durcissent les mesures pour réduire les contacts, au risque d’aggraver la morosité économique.

Le Portugal, où l’épidémie atteint de nouveaux records, « décrétera quelque chose de très semblable au premier confinemen­t de mars », lors du prochain Conseil des ministres, mercredi, a affirmé le chef du gouverneme­nt, António Costa.

En France, où le nombre de malades de la COVID-19 hospitalis­és continue de grimper, huit nouveaux départemen­ts ont avancé leur couvre-feu à 18 h, rejoignant quinze départemen­ts (sur une centaine) qui l’avaient fait au début de l’année.

La Suède, contrainte de revenir sur une politique moins stricte que ses voisins, peut désormais depuis dimanche durcir les mesures, notamment en fermant pour la première fois commerces et restaurant­s dans des zones ciblées.

Au Liban, la réponse à la propagatio­n en flèche du nouveau coronaviru­s est radicale : couvre-feu total pendant 11 jours, à partir de jeudi, durant lequel il sera interdit de sortir, même pour faire ses courses alimentair­es.

Un an jour pour jour après l’annonce par Pékin du premier décès lié à la COVID-19, la Chine a donné son feu vert à la venue d’une équipe d’experts de l’OMS chargée d’enquêter sur l’origine du coronaviru­s

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