Ne pas oublier les professionnels
Depuis le début de cette épidémie, les professionnels comme moi n’ont que très peu été pris en considération. Pour ma part, je suis orthophoniste dans un cabinet privé. La situation dont je m’apprête à vous parler touche, par contre, plusieurs professionnels de la santé et de l’éducation. Je parle ici, par exemple, des audiologistes, psychologues, psychoéducateurs, orthopédagogues, ergothérapeutes et j’en passe.
Je vais vous parler de mon expérience personnelle… Les clients que je vois, surtout des enfants âgés de 2 à 4 ans, n’ont pas été vus depuis maintenant pratiquement deux mois, et si je me fie à ce que j’ai entendu au point de presse, ce ne sera pas avant encore au moins un mois.
Vous me direz : « Il y a la possibilité de faire de la télépratique. » Certes, mais pas pour tous les enfants. Cela demande une certaine maturité et les enfants doivent être concentrés durant un certain temps devant un écran. Plusieurs de mes petits clients ne peuvent donc envisager cette possibilité. Ils sont actuellement dans une période critique de leur développement langagier, une période charnière et importante. Leur cerveau est encore plastique et « absorbe » rapidement les nouveaux apprentissages. En ce moment, le gouvernement nous empêche de leur offrir des services. Cela leur causera possiblement préjudice à long terme. […]
Serait-ce égoïste de ma part de demander la réouverture des cabinets privés professionnels, où l’accès serait bien entendu contrôlé en plus des nombreuses mesures de sécurité pour permettre à des enfants aux besoins particuliers de s’épanouir et de s’améliorer, alors qu’on a autorisé la réouverture des commerces, des manufacturiers et du secteur la construction ? Marie-Ève Bélanger M.Sc.
Le 28 avril 2020