UNE AIDE COÛTEUSE, L’ÉDITORIAL DE JEAN-R. SANSFAÇON
L’énoncé économique d’automne du nouveau gouvernement du Québec réserve presque autant d’argent frais aux entreprises qu’aux particuliers d’ici 2023, soit 1,6 milliard de dollars contre 1,7 milliard. Ce qui s’ajoute aux nombreux programmes d’aide dont le Québec est le champion canadien. La nouvelle dépense prend la forme d’une déduction fiscale de 100 % des nouveaux investissements dès la première année, et de 30 % supplémentaires l’année suivante. Si le plan fonctionne, Québec espère que cela ajoutera 6 milliards d’investissements à ce qui était déjà prévu.
Ceux qui ont suivi l’énoncé fédéral, il y a deux semaines, auront compris que l’annonce du Québec est un copier-coller bonifié pour répondre aux baisses d’impôts du président américain et aux intentions exprimées par le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford.
En matière de ratio de contribution de l’État aux nouveaux investissements (1,6 milliard/6 milliards, et presque le double quand on additionne la contribution du fédéral), la mesure est très coûteuse.
Ce qui la rend si onéreuse, c’est le fait qu’elle s’applique à tous les futurs investissements, y compris ceux qui auraient été réalisés de toute façon. Elle ne sera en vigueur que jusqu’en 2024, à moins qu’on « oublie » de l’annuler sous la pression des milieux d’affaires.
En plus de cette mesure tout de même préférable à de simples baisses d’impôt qui ne profitent qu’aux actionnaires, le gouvernement prolonge d’une année l’adhésion à cet autre programme temporaire de rabais d’électricité accordés à des projets d’investissements industriels majeurs et aux producteurs en serre. On ne précise pas si les producteurs de cannabis pourront en profiter, alors il faut croire que c’est le cas.
Seront aussi admissibles à un rabais d’électricité temporaire de 20 % les nouveaux projets réalisés en régions éloignées desservies par des réseaux autonomes alimentés au mazout ou au gaz. Et si le projet inclut des méthodes de production qui réduisent les émissions de CO2 (ce qui ne constitue malheureusement pas une condition initiale), le prix sera encore plus bas.
Tout en réitérant l’intention du Québec de maintenir sa participation au marché du carbone, duquel l’Ontario s’est retiré, l’énoncé économique s’engage à en étudier l’impact sur la compétitivité des entreprises. Il faut savoir que plusieurs d’entre elles devront se résoudre à acheter à grands frais des crédits de la Californie pour compenser leur incapacité à réduire leurs émissions de CO2. Donc, attendons-nous à un autre programme de subventions aux cimenteries et autres grands pollueurs pour que le Québec respecte, sur papier, la cible de 2030.