Ralph, dans le bain du commerce en ligne
La production de Disney Ralph brise l’Internet met en scène ses produits, non sans un brin d’autocritique
Les suites de films à succès nous convient toujours à un exercice d’amour-haine. La joie de retrouver nos héros et la déception de vivre des aventures pas si nouvelles vont nécessairement de pair. Ralph brise l’Internet (Rich Moore et Phil Johnston), suite des Mondes de Ralph (Rich Moore), n’y échappe pas.
Comme bien des héros du cinéma d’animation avant lui, le costaud et sympathique Ralph La Casse reprend du service (toujours avec Philippe Laprise dans la version québécoise), en posant pied dans un monde qui lui est inconnu. Flash McQueen (Cars) quittait son bled du désert pour un périple planétaire, Pocahontas, ses terres du Nouveau Monde pour la découverte de l’Europe… Ralph abandonne, lui, l’univers désuet des arcades pour l’immatériel et vaste Internet.
C’est en compagnie de sa désormais grande amie et coureuse automobile Vanellope (Catherine Brunet, également de retour) que l’ancien destructeur de bâtiments part en mission. Leur périple a une noble et réelle quête : trouver la pièce qui remettra en service la machine du jeu où Vanellope s’active.
En soi, nos deux héros cherchent à préserver leur mode de vie, leur monde en réseau fermé, aux frontières limitées. Le wifi leur est d’ailleurs interdit. C’est néanmoins cet espace si mystérieux, aux codes uniques, qu’ils affronteront.
Les codes narratifs, Ralph brise l’Internet ne les bouscule pas tant que ça. Paradoxalement, c’est l’ennui causé par la routine de Vanellope qui est à l’origine de la trame, comme jadis l’avait été celui de Ralph. Une fois dans le 2.0, ils éviteront escrocs et pièges, dont un virus vorace et rapide, non sans être aidés par des samaritains de service.
Il ne manque pas grand-chose à cette fresque technologique pour qu’elle décolle. L’allégorie du nouveau territoire à explorer et à conquérir est fascinante dans sa mise en images. L’aire d’arrivée est une sorte de Times Square quatre fois plus garni.
La présence bien nette des Amazon et autres eBay nous ramène cependant vite sur terre. Impossible de ne pas y voir que cette prise deux d’un film si joliment naïf est cadenassée à des marques. Et aux produits de Pixar, Lucasfilm ou Marvel, firmes sous l’emprise de Disney.
Il y a tout de même de beaux choix, tels que le personnage JeSaisTout (Benoît Brière) en guise de moteur de recherche. Bien que le personnage titre demeure masculin, Vanellope a pris de l’importance. En réalité, les personnages féminins abondent, entre une nouvelle coureuse automobile, leader de son jeu virtuel, et Yesss, la chef des algorithmes.
Enfin, comment ne pas noter le recyclage des princesses Disney? De Cendrillon à Jasmine, de Blanche-Neige à Mulan, Pocahontas, Belle, Ariel la sirène, Merida la rebelle… L’intrusion de Vanellope parmi ces quatorze femmes idéalisées ne se fait pas sans (auto)critique.
L’ère post-#MeToo a débuté, même dans le royaume des princesses. La nouvelle venue les éveille à l’idée de dénoncer une séquestration et à se demander pourquoi, dans chaque récit, un « homme fort et puissant » vient à leur secours. La scène est non seulement vive et pleine de rebondissements, elle est drôle et cynique.