Les Oscar de la science québécoise
Les prix Acfas récompensent les chercheurs d’ici depuis 1944
L’Association francophone pour le savoir (Acfas) souligne chaque année depuis 1944 l’excellence des actrices et des acteurs de la science de chez nous. Ces prix récompensent des carrières consacrées à la recherche et constituent l’une des plus grandes distinctions dans ce domaine au Québec.
«Les récipiendaires ont fait preuve de grandes compétences en recherche, mais aussi de leadership sur le plan intellectuel et de persévérance, tout en formant des dizaines de futurs chercheurs», précise Lyne Sauvageau, présidente de l’Acfas.
Vive la recherche libre
La remise des prix Acfas représente une belle occasion de souligner la qualité de la recherche d’ici, mais aussi de remettre sur le tapis certains enjeux importants. Par exemple, la défense de la recherche fondamentale contre la tentation, toujours présente, de privilégier la recherche appliquée. Les résultats concrets obtenus par cette dernière sont plus aisés à valoriser à court terme. Cela fait parfois oublier que la recherche appliquée d’aujourd’hui est basée sur les trouvailles de la recherche fondamentale d’hier.
«Il est crucial de soutenir une partie de la recherche plus libre, basée sur la curiosité et les intuitions des chercheurs, même si, sur le coup, il n’est pas évident de savoir où elle mènera», souligne Mme Sauvageau.
Elle croit aussi qu’il faut s’efforcer de favoriser encore plus la percolation sur le terrain des résultats de la recherche. Les connaissances développées dans les universités et les cégeps peuvent aider les organismes communautaires et publics, tout comme les entreprises privées, à innover et à relever certains défis.
Dialoguer avec le monde
Bien que la mission de l’Acfas soit de contribuer à l’avancement des sciences en français, Lyne Sauvageau refuse de considérer l’anglais comme une menace pour la science francophone. «Il faut concilier deux impératifs : faire de la recherche en français et la communiquer en anglais», dit-elle.
Maintenir la capacité de mener de la recherche en français est d’autant plus crucial que les connaissances sont de plus en plus coconstruites avec des acteurs du terrain. Or, au Québec, c’est principalement en français que travaillent entreprises et organismes. Par ailleurs, chaque langue possède des concepts ou des représentations du monde qui lui sont uniques. À ce titre, Mme Sauvageau souligne l’intérêt qu’il y aurait à augmenter la recherche dans les langues autochtones, puisque celles-ci recouvrent un rapport au monde, aux objets et à la connaissance qui leur est propre.
Mais il faut aussi savoir communiquer les résultats de recherche dans une langue commune aux autres chercheurs du monde. Aujourd’hui l’anglais, demain peutêtre le mandarin.
Par ailleurs, les images peuvent aussi jouer un rôle dans la transmission de la connaissance, comme le montre le concours La preuve par l’image. Cette année encore, des photos saisissantes de plancton toxique, de nébuleuse, de bactéries et autres cellules d’arbre constituent une porte d’entrée visuelle dans l’univers scientifique. Elles sont exposées au Planétarium Rio Tinto Alcan jusqu’au 27 janvier 2019 et sur le site Web de l’Acfas.
«Le langage universel de l’image constitue une manière originale d’intéresser les gens à la science», conclut Lyne Sauvageau.