Royalmount : il faut éviter le pire
À Montréal, comme un peu partout ailleurs, l’urbanisme a beaucoup évolué depuis les années 1960. À l’époque, un des objectifs principaux consistait à relier les banlieues à la ville. Comme l’utilisation de l’automobile était en essor, c’est l’autoroute qui s’est imposée : le tout-àla voiture est devenu la solution. Or, aujourd’hui, on se trouve dans une tout autre situation : non seulement les autoroutes sont congestionnées, mais les véhicules à moteur thermique contribuent d’une façon alarmante aux changements climatiques. C’est désormais le transport collectif et actif qui doit prendre la relève, tout le monde ou presque en convient.
Les aménagements urbains qui favorisent le plus le transport collectif et actif sont les quartiers résidentiels de type TOD (transitoriented development), à savoir des quartiers axés sur le transport en commun accessible à distance de marche. Le développement de ce type de quartiers est désormais privilégié par le Plan métropolitain de développement et d’aménagement (PMAD). Deux sites sur l’île montréalaise se prêtent d’une façon remarquable à ce type de développement, d’autant plus que la Ville de Montréal a un grand besoin de logements familiaux. D’abord celui de l’ancien Hippodrome de Montréal, dans l’arrondissement Côte-desNeiges–Notre-Dame-de-Grâce, situé dans un rayon d’un kilomètre de la station de métro Namur. Puis, adjacent du côté nord, celui de Mont-Royal à l’intersection des autoroutes 15 et 40, lequel est également à distance de marche de la station de métro De la Savane.
Une catastrophe annoncée
Si le projet de développement du site de l’ancien Hippodrome de Montréal est encore à venir, ce n’est pas le cas pour celui de Mont-Royal. Séduite par le projet du promoteur Carbonleo, lequel projet s’avère plus ou moins une copie du Dix30 à Brossard, l’administration du maire Philippe Roy a ouvert toute grande la porte à une catastrophe annoncée. Car ce projet constitue une intrusion de la vie de banlieue en pleine ville et, sur le plan de l’urbanisme, il représente un recul d’une cinquantaine d’années.
Le promoteur Carbonleo a beau prétendre que son projet n’accroîtra pas la congestion de l’intersection des autoroutes 15 et 40 parce que nombre de gens vont prendre le métro pour s’y rendre, son pressentiment est de l’ordre de l’ignorance ou de l’illusion. Car, comme il l’a déjà laissé entendre, son projet s’adressera surtout aux résidents hors de l’île de Montréal. Or ces personnes ne sont pas toutes des adeptes du transport en commun, d’autant que la plupart n’ont pas facilement accès au métro. Bref ce n’est pas une passerelle audessus de l’autoroute Décarie pour relier Royalmount à la station De la Savane qui va les séduire.
Le projet Royalmount va nuire en plus aux centres commerciaux situés dans le voisinage, dont le Centre Rockland, Place Vertu et le Marché Central. Ce déséquilibre aura également des conséquences dommageables. Pour n’en nommer qu’une, les revenus de taxes que la Ville de Mont-Royal et la Ville de Montréal pourront récolter du Royalmount seront nécessairement diminués par la baisse de revenus de ces centres commerciaux mis en concurrence.
À Montréal, dans le passé, certains projets désastreux ont heureusement été mis sur une tablette grâce à la lutte de citoyens. On peut signaler, notamment, celui de la fermeture de l’avenue McGill College. C’est à ce type de stratégie qu’il faut avoir recours maintenant pour éviter la catastrophe prévisible du projet Royalmount. Il importe que les citoyens de Mont-Royal, qui comptent parmi les plus choyés de la métropole, aient le courage de faire comprendre à leur maire Roy qu’il s’est embourbé dans une voie sans issue. Parce qu’ils seront les plus touchés, il faut surtout que les citoyens de la Ville de Montréal appuient massivement et publiquement l’administration de Valérie Plante dans ses efforts pour mettre sur une tablette ce projet de banlieue fort désastreux.
Ce projet constitue une intrusion de la vie de banlieue en pleine ville et, sur le plan de l’urbanisme, il représente un recul d’une cinquantaine d’années